Hala Chaim : la révolution personnelle

Pharmacienne passionnée de botanique, Hala Chaïma est tombée amoureuse des plantes dès ses premières années d’études. Par Reslane Lounici

Pendant ses études en pharmacie, elle était captivée par le monde de la biologie, les recettes, la chimie. Cependant, c’est lors d’une chasse aux plantes effectuée au cours d’un semestre que sa véritable passion s’est révélée. Étudier en parcourant les jardins et les forêts l’a non seulement incitée à approfondir ses études, mais également à voyager, à créer ses propres carnets, et à partager ses expériences et découvertes sur son blog personnel : Carnet d’Exploration.

La révolution personnelle de Hala : de la contrainte à la recherche de vocation

Occupant un poste au sein d’une entreprise nationale, Hala jonglait alors entre sa vie professionnelle et sa passion personnelle. Secrètement, elle nourrissait le rêve de devenir un jour guide, et ainsi partager ses activités exploratoires avec de réelles personnes. Cependant, la vie en avait décidé autrement.

Hala a développé deux tumeurs suite à un burn-out et à un dérèglement hormonal. Son état physique, la contraignant à une activité très limitée, l’a ramenée vers le domaine de la pharmacie. Cependant, elle a rapidement compris que sa véritable vocation résidait ailleurs. Elle a décidé de tout arrêter, de s’enfermer chez elle, et a commencé ce qu’elle appelle aujourd’hui ‘El Thawra El Datia’, ou sa révolution personnelle.

Son corps tout entier semblait dire non au conditionnement qu’on lui avait imposé depuis l’enfance. La carrière professionnelle que l’on rêvait pour elle ne reflétait pas ce qu’elle était. Elle a pleuré, écrit, déconstruit tous ses acquis pour renaître. Quelques mois plus tard, elle était plus forte, plus résolue à faire ce pour quoi elle était née, et qu’aucune université n’enseignait.

Saute ou trépasse

Son entourage, abasourdi par sa décision de laisser tomber sa carrière et balayer d’un revers de la main des années d’investissements, n’a pas tout de suite compris que le pire qui puisse lui arriver, elle était déjà en train de le vivre. L’échec hypothétique n’était rien comparé à la douleur physique et mentale qui l’enfonçait chaque jour un peu plus. Il était évident pour elle que ce choix allait être difficile. Devenir artisane et vivre de sa passion ne constituait clairement pas un métier d’avenir, mais au fond d’elle-même, elle savait qu’elle avait perdu assez de temps et qu’il fallait maintenant sauter le pas ou trépasser.

Malgré les remarques, qui n’étaient pas toujours bienveillantes, même si elles émanaient d’un bon sentiment, elle n’a pas cessé de se raccrocher à cette lueur qui promettait de la sortir de son abîme. Son combat personnel a commencé par se détacher des personnes qui voulaient la retenir, qui l’empêchaient quelque part de remonter vers la surface. Ce qu’elle a fini par faire seule et contre tous. Petit à petit, elle s’est lancée dans la confection de carnets en cuir. Le travail manuel lui a permis de se reconnecter au vivant, de toucher de ses mains et de contempler avec ses yeux le fruit de son travail.

Le plaisir de la réussite après le doute

En regardant en arrière, elle se dit que finalement, les moments difficiles ont été nécessaires à son épanouissement. Elle en a fait une armure et exhibe ses cicatrices de l’âme comme des trophées des étapes franchies qui lui ont permis d’arriver là où elle est des années plus tard. Hala Chaïma a définitivement enterré le parcours que rêvaient ses parents pour elle, mais c’était nécessaire pour laisser place au bonheur et à l’épanouissement qu’elle vit et qu’elle sème autour d’elle aujourd’hui.

Tout compte fait, personne n’a jamais dit que la vie était facile. Les épreuves, quelles qu’elles soient, se nourrissent les unes des autres pour nous faire grandir ; le tout est d’avoir le courage de vivre.