Tayara Sefra, court-métrage de Hadjer Sebata : l’Adieu à un frère adoré

Il y avait foule ce 4 février à l’avant-première de Tayara Sefra ‘L’avion jaune’, de la réalisatrice Hadjer Sebata, à la salle Ibn Zeydoun de Riadh El Feth. Par Celia Ouabri 

Un casting bien ficelé et une histoire poignante, inspirée de faits réels, ont donné de la profondeur et de l’étoffe à cette production d’une quarantaine de minutes. Un court-métrage à ne pas rater.

Une légende populaire

C’est son premier court-métrage. Pour son baptême du feu, Hadjer Sebata a choisi d’explorer l’histoire de l’Algérie pour exhumer un récit qui a réellement eu lieu dans le village d’Ouled Sidi Mansour (région du Hodna).

Il s’agit de l’histoire d’Aïcha, une jeune fille qui ne s’est jamais consolée de la mort de son cher frère Ibrahim, tué durant la révolution. Le jeune homme est tombé au champ d’honneur sous les bombardements d’un avion T6.

Cet avion de couleur jaune n’est pas une invention. Il s’agit du Morane-Saulnier MS-733 ‘Alcyon’, qui survolait villages et montagnes, semant mort et désolation pendant la guerre de libération. Anéantie par la perte cruelle de son frère, Aïcha chante une complainte d’Adieu, s’adressant à l’avion jaune comme à un être humain. Ce chant a voyagé de hameau en hameau, s’inscrivant ainsi au registre de notre patrimoine national.

Chaque femme qui perd un mari, un frère, un père ou un proche entonne ce poème populaire, symbole de la perte cruelle d’un être cher.

Silence ! On tourne

C’est de cette légende populaire que Hadjer Sebata s’est inspirée pour réaliser son court-métrage. Avant de lancer ‘Silence ! On tourne’, la réalisatrice a soigneusement sélectionné un casting de qualité, comprenant :

  • Sid Ahmed Agoumi ;
  • Souhila Maâlem ;
  • Nasreddine Djoudi ;
  • Nouara Berrah ;
  • Fatiha Soltane et Laurent Gernigon.

Le pitch

L’action se déroule en Algérie sous occupation française, entre 1956 et 1957. Tayara Sefra met en scène une jeune fille prénommée Djamila (Souhila Maâlem). Lorsque le frère de l’héroïne de cette fiction est froidement abattu par les soldats français, la jeune fille a du mal à accuser le coup. S’emparant du revolver de son père Saïd (Sid Ahmed Agoumi), elle va venger son frère puis rejoindre le maquis pour combattre l’ennemi, aux côtés de ses frères et sœurs d’arme.

La réalisatrice a déclaré que Tayara Sefra se veut un hommage à la moudjahida Djamila Bouhired, en particulier, et à toutes les combattantes de la cause nationale en général.

Produit par le CADC (Centre Algérien de Développement du Cinéma), dans le cadre de la célébration du soixantième anniversaire de l’indépendance du pays, le court-métrage est enrichi de la musique d’Amine Dahane. La chanson du générique a été magnifiquement interprétée par Nada Reyhane. Le titre du court-métrage fait référence à l’avion Morane-Saulnier MS-733, de couleur jaune, responsable de la mort de nombreux combattants et de la population civile pendant la révolution.

Le court-métrage de Hadjer Sebata est un réquisitoire contre les exactions et la sauvagerie de l’armée coloniale française. Il rend hommage à tous ces hommes et femmes tombés au champ d’honneur pour que vive l’Algérie libre et indépendante.

Tayara Sefra est à voir à la salle Ibn Zeydoun (Riadh El Feth).