Combattantes et courageuses : les Algériennes, de vraies « Fehlet »

Mon premier est une femme. Mon second allie douceur, intelligence et bienveillance. Mon troisième est une mère, une fille, une épouse, une tante, une grand-mère, une belle-sœur. Mon tout commence par un grand ‘A’ comme Algérienne. Par Celia Ouabri

Entière, travailleuse, courageuse, fonceuse, battante, humaine, engagée… l’Algérienne c’est tout ça à la fois, et plus encore !

Petit supplément d’âme

De vraies championnes, qui jonglent entre vie familiale et vie professionnelle. Les Algériennes sont connues pour leur côté stoïque, leur combativité et leur témérité. Elles se plient en quatre pour leur famille, sacrifient leur repos et ne comptent pas leurs heures pour le bien-être de leur smala.

Colonne vertébrale de leur foyer, elles sont à la fois l’épouse, la maman, l’éducatrice, l’aidante, la psychologue. Avec leur bienveillance, leur sens du sacrifice et du devoir, les Algériennes, ‘El Fehlet’ ont ce petit supplément d’âme que les autres n’ont pas.  

Ce n’est pas pour rien que les parents qui n’ont pas eu de filles sont un peu tristes. Pour leurs vieux jours, ‘laâkouba’ comme on dit chez nous, les fils sont souvent aux ‘abonnés absents’, mais les filles sont aux petits oignons pour leurs parents vieillissants. « Mon fils est au service de sa femme et de sa belle-famille. Je ne remercierai jamais assez le bon Dieu de m’avoir donné trois filles. Même mariées, elles passent régulièrement à la maison pour s’assurer que leur mère et moi-même ne manquons de rien. Avoir des filles est une bénédiction de Dieu » confesse Mahmoud (69 ans).

Multitâche

Premières levées, dernières couchées, les Algériennes veillent sur leur tribu comme une tourterelle sur ses oisillons. Quand elles ont une activité professionnelle, elles redoublent d’effort, réglant leur vie comme du papier à musique.

« Je m’éjecte hors de mon lit à 5 h du matin et me met aux fourneaux afin de mitonner le repas de la mi-journée pour mes deux enfants qui rentrent du collège à midi. Puis, je range un peu la maison et prépare de la ‘kesra’, des crêpes ou du pain perdu pour le petit-déjeuner » nous confie Sarah (39 ans). « S’il me reste un peu de temps, j’en profite pour faire du repassage.

J’ai déjà fait plusieurs tâches avant que mon mari et mes enfants quittent leurs lits. Le soir, au retour de mon travail, pas le temps de m’étendre sur le canapé pour regarder une émission-TV. Direction la cuisine. Je supervise les devoirs de mes collégiens pendant que Monsieur, mon conjoint est sur son téléphone portable » ironise-t-elle.

Du beurre dans les épinards  

Souvent, ces femmes ont un double job, voire plus. Pour arrondir ses fins de mois, Wassila (43 ans) cumule plusieurs activités. Divorcée, elle élève seule ses trois enfants. La quadragénaire est professeur de maths dans un lycée de la capitale, mais cela ne l’empêche pas de travailler en plus. « Je prépare des salades ‘healthy’ pour les clientes d’une salle de sport, donne des cours particuliers de maths et réalise des poupées en chiffon que je vends sur internet » nous révèle-t-elle. Et ajoute « La pension versée par mon ex-époux est vraiment dérisoire. Avec un meilleur pouvoir d’achat, je peux faire plaisir à mes enfants ».

Au four et au moulin

‘Ma femme ne travaille pas’. ‘Mon épouse reste à la maison’. Ces ‘punchlines’ souvent entendues dans notre société réduisent la mère au statut de femme improductive, presque inutile. Et c’est là que le bât blesse, car on oublie fréquemment que ces femmes sont de véritables ‘warriors’ qui prennent en charge toute la logistique du foyer : ménage, cuisine, lessive, repassage, courses…  Des gardiennes du ‘temple’ qui sont au four et au moulin !

De délicieux plats, du pain maison, des gâteaux, une maison nickel n’apparaissent pas d’un coup de baguette magique. Ni ‘Ma sorcière bien aimée’ ni ‘Joséphine ange gardien’ ne sont dans la place. Il a fallu des litres d’huile de coude, sans salaire en contrepartie. Alors n’oublions pas de dire ‘respect’ !

Bravo ! Vous êtes les meilleures !

Prêtes à se saigner aux quatre veines pour leur tribu, les Algériennes ont à cœur d’apporter réconfort, bien-être et bienveillance auprès des êtres qui leur sont chers. Et même lorsqu’elles sont mariées, elles ne coupent jamais le lien avec leurs parents qu’elles aident du mieux qu’elles peuvent. Que ce soit dans la maladie, la peine ou le bonheur, les Algériennes ne laisseraient jamais tomber un de leurs proches, car l’engagement, l’amour, le don de soi, c’est dans leur ADN.