Au secours ! Mon mari me rend chèvre pendant le Ramadhan

Ça y est ! Sidna Ramadhan a pointé le bout du nez. Comme chaque année, un nouveau rythme s’installe dans les foyers. Par Celia Ouabri

Madame s’affaire des heures durant dans sa cuisine pour mitonner de bons petits plats qui orneront la « meïda » lorsque l’heure du « ftour » sonnera. Cependant, très souvent, la maîtresse de maison doit faire face à l’étrange comportement de son compagnon de route.

C’est désormais un rituel. Chaque année, aussitôt que le mois sacré débarque, Monsieur devient incontrôlable. Irascible, nerveux, volcanique, le voici qui se transforme en zombie par manque de caféine et de nicotine. Il éructe, fulmine, voit rouge et s’enflamme. Pour n’importe quelle broutille quotidienne, le voilà qui prend la mouche.

Les intranquilles

Durée de trente jours, ressenti comme six mois. Ce qui hérisse les cheveux de Madame n’est ni la faim, ni la soif ! C’est la soudaine métamorphose de son conjoint : un peu comme Bill Bixby se convertissant en Lou Ferrigno dans la série « L’Incroyable Hulk » (notre Hulk el adjib national).

Zohra (42 ans) est au bout de sa vie. «Pendant le Ramadan, mon mari est d’une humeur belliqueuse toute la sainte journée. D’ailleurs, il prend toujours son congé annuel durant le mois sacré pour éviter de se bagarrer au travail. Du coup, il passe ses nerfs sur moi. Je deviens son exutoire, son punching-ball.

Grand fumeur, il n’arrive pas à maîtriser ses nerfs par manque de nicotine. Il rode dans la cuisine, soulève les couvercles des marmites, s’inquiète du bon assaisonnement de la chorba et me cherche querelle. Je prends considérablement sur moi pour calmer l’ambiance. En réalité, j’ai juste envie de pousser une gueulante et de le renvoyer à son canapé. Après l’Adhan, aussitôt la première cigarette grillée, il retrouve ses esprits et moi la paix », témoigne cette mère de famille.

À quand la fin de la faim ?

Et puis, il y a tous ceux qui ne supportent pas d’avoir l’estomac dans les talons. Ceux qui aiment avoir la panse bien dodue et que la faim rend bougons. « Mon compagnon a toujours eu un bon coup de fourchette », raconte Salima (40 ans). « Le jeûne représente une épreuve pour lui. C’est le genre d’homme qui s’accroche souvent avec moi ou les enfants pour la moindre futilité. Une fois rassasié, il retrouve enfin son calme et son sourire ».

Non mais, tu t’es vu quand tu jeûnes ?

Cette enquête n’est pas un réquisitoire contre les hommes. Pourtant, force est de constater à la lumière des témoignages recueillis que c’est surtout la gent masculine qui n’est pas à prendre avec des pincettes durant le mois sacré du Ramadan.

« Déjà, dès le matin, mon époux est grognon. Il me cherche la petite bête pour faire passer le manque du petit noir accompagné d’une cigarette. Pour éviter le clash, je ne pipse mot. Mon silence le rend encore plus furax », commente Amel (38 ans).

Les yeux plus gros que le ventre

Côté achats compulsifs, les hommes récoltent la palme d’or durant le Ramadan. Madame a pris la peine de noter la liste des produits à rapporter dans le panier, mais Monsieur est assailli par la fièvre acheteuse.

Téléguidé tel un automate vers les étals, il remplit ‘el koffa’ de tout et n’importe quoi. Saliha (38 ans) a juste envie de s’arracher les cheveux quand son époux rentre du marché. « Lorsqu’il revient avec sept sortes de pains, deux boîtes de kalb ellouz, des sodas, des merguez et des produits dont le frigo déborde déjà, je deviens furax. Mon conjoint mange avec les yeux. Quand son ventre crie famine, il ne réfléchit pas. Alors, dès que je le peux, je vais moi-même au marché pour éviter le gaspillage et sauvegarder le budget familial ».

Morfale, accro à la cigarette ou au café, nos compagnons de vie peuvent parfois se montrer soupe au lait. Une tension qui retombe d’un coup lorsque l’Adhan el Maghreb retentit. Alors, à la bonne heure !