Marelle, ‘zerbout’, tire-boulette, ‘T’chila’, hula hoop : les jeux de notre enfance

Je vous parle d’une époque où les tablettes et les jeux vidéo n’existaient pas encore. La télévision algérienne n’émettait ses programmes qu’à partir de 17 heures. Par Celia Ouabri

Pour passer le temps, en dehors des cours et des leçons, les enfants avaient leurs propres jeux. Certains étaient réservés exclusivement aux filles, d’autres aux garçons comme le jeu de billes ‘bizan’ ou la toupis ‘zerbout’. Allez hop hop, embarquement immédiat dans la fusée à remonter le temps !

Dinouayou, un jeu de dextérité

Et si on jouait à ‘dinouayou’ ? Les enfants avaient attendu la saison des abricots pour récupérer les noyaux de ces fruits pulpeux. C’était vers le mois de juin, au retour des beaux jours. Le ‘dinouayou’ du mot ‘noyaux’ est un jeu d’adresse et d’habilité. On lance un noyau d’abricot en l’air et on essaye de le rattraper. Puis, on tente la même opération avec deux, puis trois puis quatre puis cinq noyaux à la fois. Un véritable jeu d’adresse !

Les osselets

Même principe pour le jeu des osselets. L’Aïd-el-Kébir tombait à pic pour renouveler sa collection d’osselets à partir des pattes de moutons (bouzelouf). Il en fallait cinq dont l’un était peint en rouge. Plus tard, ces joujoux ont été commercialisés en plastique.

On saisit un osselet, puis deux, puis trois en les retournant sur le dos de la main. Le bouquet final, le grâal, c’était ‘la retournette’ : lancer les cinq osselets en l’air et tenter de les faire atterrir sur le dos de la main !

La marelle

Dans les cours des écoles ou des cités, les fillettes jouaient à la marelle. À l’aide d’un bâton de craie, elles traçaient de grands rectangles numérotés de un à six. À cloche pied, elles poussaient une boite de chique vide, remplie de terre, dans chaque carreau.

L’exercice se compliquait lorsqu’il fallait sauter une case puis deux. La marelle s’invitait aussi à travers un tracé d’escargot en colimaçon. Les fillettes, tout en s’amusant, faisaient une séance de sport en sautillant prestement sur une seule jambe.

Des jeux de souplesse

La corde à sauter était aussi prisée par les fillettes. En solo ou en groupe, ce jeu constituait un super moment de plaisir et de franche camaraderie.

Dans les cours de récréation, les filles jouaient aussi à colin-maillard. L’une d’entre elles se bandait les yeux avec un foulard et essayait d’attraper une camarde. Une fois appréhendée, cette dernière la remplaçait.

Les écolières aimaient aussi jouer à la ronde. Se tenant la main et constituant un cercle, elles tournoyaient en entonnant des comptines. Les collégiennes et lycéennes appréciaient particulièrement le ‘Hula hoop’ : elles passaient un cerceau en plastique autour de leur taille en le faisant tourner dans un déhanché endiablé.

L’ancêtre du skate-bord : karoussa tâa erroulma

Les garçons s’inventaient des tas de jeux pour passer le temps. Outre la fameuse tire-boulette, fabriquée avec des lanières taillées dans des chambres à air, avec laquelle ils chassaient le ‘maknin’ (chardonneret) et autres volatiles, les petits galopins fabriquaient leurs propres petites voitures : karoussa tâa erroulma : une planche en bois montée sur des roulements à billes. Enfourchant ces ‘Karoussate’ et dévalant les chemins pentus de leurs quartiers, ces mioches provoquaient l’ire des parents à cause du boucan qu’ils engendraient.

Bizan, zerbout et cerceau

Un peu plus calme, le jeu de bizan ‘billes’ accaparait l’attention des garçons qui déambulaient les poches pleines à craquer de ces billes fluorescentes.

Les toupis ‘zerbout’ étaient le ‘must have ‘ des chérubins d’autrefois. Enroulée d’un ‘quitane’ (cordon ou lacet), la toupie était lancée avec adresse. La tourner sur la paume de la main représentait le nec plus ultra de l’habilité.

À partir de vieux vélos, les bambins en culottes courtes récupéraient le cerceau métallique. Une tige métallique accrochée au bout et les voici trottinant derrière ce cerceau en essayant de ne pas le faire tomber.

Vous n’êtes pas un ancien si vous n’avez pas joué à ‘T’chila’ (déformation de ‘tu es là’ ou au jeu de ‘la délivrance’). Fous-rires, courses, adrénaline garantis !

Des jeux, souvent physiques, faisaient bouger les enfants, contrairement aux jeux actuels. Derrière les Play stations, les ordinateurs ou les smartphones, la nouvelle génération s’encroûte et s’abrutit. Les adultes d’aujourd’hui qui furent les enfants d’hier se souviennent avec nostalgie de tous les jeux qui ont marqué leur tendre enfance et qui ont complétement disparu aujourd’hui, hélas !