Au-delà de l’apparence : la beauté inattendue de « Perfect days » de Wim Wenders

Dans 'Perfect Days', les toilettes publiques japonaises deviennent le théâtre d'une exploration de la dignité humaine et du sens du devoir, démontrant que l'art peut émerger des sujets les plus surprenants. Par Reslane Lounici

Lorsqu’on lit dans un synopsis que le film traite des toilettes publiques japonaises, on est tentés de croire qu’il s’agit là d’une plaisanterie. Pourtant, “Perfect Days” est aujourd’hui en lice pour l’Oscar du meilleur film étranger, prouvant que l’art peut naître des sujets les plus inattendus.

Une trame simple, mais profonde

Avec une Trame Simple Mais Profonde, le film suit Hirayama, un homme solitaire qui veille à ce que les toilettes publiques de Tokyo restent impeccables. Derrière cette apparente simplicité, Wenders explore la dignité et le sens du devoir à travers les actions de son personnage. Koji Yakusho, qui incarne Hirayama, a d’ailleurs remporté le prix d’interprétation masculine au Festival de Cannes pour ce rôle.

Le réalisateur allemand souligne que les toilettes sont perçues différemment au Japon par rapport au monde occidental, où elles sont souvent marginalisées. Au Japon, elles sont un symbole d’accueil et de respect. Cette différence culturelle a profondément inspiré le cinéaste, qui voit dans ces lieux une métaphore pour les petites joies et les rituels quotidiens.

Les toilettes, reflet de l’engagement civique des Japonais

L’idée du film est née en 2020, lors d’une visite de Wenders à Tokyo pour voir des toilettes publiques rénovées par des architectes célèbres. Ce projet, initialement destiné à des mini-documentaires, a éveillé en lui l’envie de raconter une histoire plus vaste, reflet de l’engagement civique des Japonais. Le tournage de “Perfect Days” n’a duré que deux semaines. Le réalisateur de La Cité Des Anges a opté pour une mise en scène minimaliste et des dialogues réduits, privilégiant l’expression par le regard et les gestes. Le mot japonais “komorebi”, décrivant la lumière filtrant à travers les arbres, a également influencé la photographie du film, accentuant l’appréciation des petites choses.

Pour incarner Hirayama, Koji Yakusho a dû apprendre des techniques de nettoyage méticuleuses, comparables à l’entraînement d’un moine. Ce processus a permis à l’acteur de saisir la profondeur du personnage, capable de trouver du bonheur dans les gestes les plus ordinaires, et de livrer une interprétation magistrale du rôle.

Cette pépite qui célèbre les petites joies et la dignité humaine est un hommage à la beauté des choses simples. Comme quoi, il en faut vraiment peu pour être heureux.