« Une éducation algérienne » de Wassyla Tamzali, la petite histoire dans la grande

Même si Wassyla Tamzali ne considère pas ses livres comme une œuvre littéraire, mais plutôt comme le témoignage d’une vie de combats, il n’empêche que ces derniers se lisent comme des romans-fleuves où la petite histoire fait écho à la grande. Par Reslane Lounici

« Une éducation algérienne », c’est l’histoire de l’écrivaine croisée avec celle de l’Algérie. Dans cette autobiographie captivante, il n’est nullement question d’intimisme, nous y apprenons l’histoire de la génération de Wassyla Tamzali. Une génération qui avait vingt ans à la libération de l’Algérie, et qui portait en elle les espoirs de tout un pays.

Un livre autour de quatre cycles

Le livre est construit autour de quatre cycles intitulés : La passion politique, La maison pourfendue, Le basculement, Le palmier transplanté.

Des prémices de sa passion pour la politique dans les années 60’’, au déclenchement de la décennie noire dans les années 90’’, en passant par les désillusions de l’entre deux, Wassyla Tamzali égraine ses souvenirs personnels qui résonnent avec la mémoire collective.

Une autobiographie toujours d’actualité

Dès le premier cercle, cette figure féministe et avocate au barreau d’Alger évoque son ascendance bourgeoise. Cette origine lui vaudra le rejet de ceux-là même qu’elle défendait. Elle écrit : ’’Dix ans plus tôt, j’avais quitté l’Algérie sur la pointe des pieds, pensant que le retour des traditions était inexorable et qu’il exprimait la réalité, une réalité qui n’était pas la mienne, celle d’un pays où je n’avais pas ma place, sauf à me tenir dans un coin. Je m’étais effacée devant le géant mythique, le peuple algérien.

Je ne savais pas encore que ces mots recouvraient une marionnette de chiffon agitée par les mains griffues du pouvoir. Je m’étais fait berner. Cet après-midi, je réalisais enfin que le peuple n’existait pas en dehors de moi et que je n’existais pas en dehors de lui. Avec les femmes algériennes, je partageais les mêmes humiliations et les mêmes désirs de liberté et de dignité. Exit la petite phrase assassine : « Tu ne représentes pas les femmes algériennes. » Exit les « vieillards inaudibles », les grands frères déloyaux, les grandes sœurs complices. J’étais réconciliée, avec moi et avec mon pays.’’

Cette autobiographie reste aujourd’hui encore d’une grande actualité et l’autrice s’en amuse en disant que ce n’est pas le livre qui est actuel, mais plutôt l’état des choses qui reste inchangé. Une phrase à méditer en lisant ‘’Une éducation algérienne’’, disponible en arabe et en français aux éditions Chiheb.