D’après les chiffres communiqués par l’Office national des statistiques (ONS), l’ampleur du divorce en Algérie donne absolument froid au cœur. Le taux du divorce va crescendo puisque les chiffres sont passés à de 20,9% en 2019 à 33,5% en 2023, soit 93 000 divorces prononcés l’année dernière. Les évaluations estiment que le nombre de divorces journalier est de plus de 250 divorces. Face à ces statistiques, il est essentiel de comprendre les causes profondes de cette réalité.
Le manque de préparation et le problème d’égocentrisme
Anis Merdas, un chercheur en psychologie, identifie l’une des principales raisons du divorce en Algérie comme étant le manque de préparation et d’informations avant le mariage sur la vie de couple et sur comment fonder une vie commune saine. Mr Merdas affirme :
“ L’une des principales causes du divorce en Algérie est la négligence et l’ignorance de l’importance de l’information et d’un bon renseignement et d’une préparation adéquate. Le mariage doit être considéré comme n’importe quel autre projet de la vie ; on s’informe sur les prix et la qualité avant d’acheter une voiture, n’est-ce pas ? On a tendance à vouloir bien se former pour obtenir le permis de conduire également, pourquoi alors ne pas faire de même pour le mariage ? ”
Il note également que des perspectives irréalistes et des conflits non résolus peuvent résulter du manque d’informations et de conseils spécialisés sur la vie de couple, les compétences relationnelles et la disponibilité émotionnelle.
Parallèlement, Anis souligne que l’égocentrisme est le deuxième facteur contribuant à l’augmentation du nombre de divorces en Algérie. Anis Merdas identifie les principales formes de cette attitude comme un manque de soutien émotionnel, de communication et de compromis. En l’absence d’adaptabilité et de compréhension mutuelle, les couples se retrouvent souvent dans une impasse et ne parviennent pas à résoudre leurs problèmes de manière positive.
Facteurs financiers, sociaux et psychologiques
Nadjib Bitam, avocat et spécialiste du droit de la famille, souligne à quel point la dépendance financière et la vie quotidienne avec la famille sous le même toit (belle-mère, beaux-frères/sœurs) sont des facteurs essentiels qui bouleversent l’intégrité d’un mariage et figurent parmi les raisons les plus fréquentes du divorce en Algérie. Il rappelle que le maintien de l’indépendance financière et le fait de fonder une famille dans une maison séparée et propre au couple, selon les capacités financières du couple évidemment, est nécessaire pour assurer la stabilité et l’harmonie du mariage.
De plus, Mme Farida Abri, une autre spécialiste et avocate de renom, partage le même avis que M. Bitam.
Selon elle, le divorce en Algérie est principalement causé par des facteurs sociaux, psychologiques et financiers. Elle souligne à quel point il est crucial de comprendre ces détails complexes afin d’améliorer la prévention des divorces et de favoriser des mariages durables.
L’impact de la technologie et l’insatisfaction sexuelle
Le Dr Fatima Haouas souligne qu’une autre raison contribuant au divorce en Algérie est l’impact négatif de la technologie, en particulier des réseaux sociaux, sur la vie de couple. Les partenaires peuvent passer moins de temps ensemble et former moins de liens émotionnels en raison d’une obsession pour l’électronique, ce qui peut augmenter les tensions et conduire à des disputes.
Cette obsession pour la technologie est souvent le résultat de désirs sexuels insatisfaits au sein d’un couple. L’un des partenaires peut utiliser les médias sociaux pour combler le vide émotionnel laissé par l’insatisfaction sexuelle. Le processus perturbateur de cette dépendance à la technologie éloigne les époux l’un de l’autre et menace les fondements de leur relation.
L’examen des différents aspects du divorce en Algérie révèle que les difficultés ne se limitent pas aux disputes entre les partenaires. Il est possible de créer les bases d’une structure familiale plus équitable et plus résistante en réglant les problèmes de l’information avant le mariage, du contrôle de l’égocentrisme, de l’indépendance financière et de la maîtrise de l’influence de la technologie.