Épouses larguées : comment ont-elles transformé leur douleur en force ?

Bien installées dans leurs couples, elles n’ont pas entendu le tonnerre gronder ni l’orage s’abattre sur leur nid d’amour. Par Celia Ouabri

La nouvelle est tombée comme un couperet, au moment où elles s’y attendaient le moins : « Je ne ressens plus d’amour pour toi. Je m’en vais avec une autre ». Boum. Badaboum. Ça claque comme une gifle cinglante. D’abord effondrées, ces femmes rejetées ont mordu la poussière. Puis, se faisant violence, elles ont réussi à se relever. Doucement, jour après jour, ces « guerrières » ont retrouvé le goût et la force de revivre pour leurs enfants et, parfois, de refaire leur vie. Témoignages.

Débarquée sans préavis de rupture

Le jeu n’en valait pas la chandelle. Amel (48 ans) a fini par le comprendre après une âpre bataille pour récupérer le père de ses enfants. « Sans préambule, mon conjoint m’a annoncée qu’il voulait prendre le large. Il a dit qu’il ne ressentait plus la flamme des premières années et voulait s’affranchir de notre union. Sous le choc, je lui rappelais que nous avions deux enfants.

« Ils ne manqueront de rien ! », s’est-il défendu avant de prendre ses clics et ses clacs et de filer. En réalité, je l’ai appris par la suite : cela faisait trois ans que mon époux entretenait une relation extraconjugale avec une autre femme. Pas de première jeunesse pour la remplaçante, mais avec un compte bancaire bien garni. D’où cette escapade.

« Installé chez elle, il a entamé une procédure de divorce. Pour moi, ce fut comme un tsunami. Je me suis faite violence pour rester digne. C’était déjà assez humiliant de me voir débarquée. Je n’allais pas me traîner à ses pieds.

J’ai beaucoup pris sur moi, en dépit de ma souffrance. Je ne voulais pas apparaître comme une mégère aux yeux de mes enfants. Je n’ai pas eu de mots durs envers lui en leur présence. Leur faire haïr leur père n’était pas la solution. Par contre, je l’ai fait avec mes proches. Je sortais la douleur qui m’étouffait à l’intérieur, comme un défouloir, une sorte de thérapie.

Avec le temps, j’ai eu assez de recul pour me dire qu’un homme qui a trahi ma confiance ne méritait pas mes larmes. J’ai serré les dents. J’ai travaillé plus, je suis sortie plus souvent et me suis consacrée davantage à mes enfants. J’ai même rencontré quelqu’un avec qui je me sens bien. Nous avons décidé de nous marier. Quant à mon ex-compagnon, des amis m’ont appris que son nouveau couple est sur le point d’exploser. J’ai définitivement tourné la page, mais j’en conclus que la roue tourne dans la vie ».

Volée par une mangeuse d’hommes

« Mes deux enfants devenus ados, mon époux a décidé de claquer la porte du domicile conjugal, probablement sous l’impulsion du démon de midi, raconte Afaf (39 ans). Et pour qui ? Une jeunette aux cheveux décolorés, aux ongles manucurés et à la mise sophistiquée.

Une poupée préfabriquée aux mœurs légères. Il m’a avoué qu’il ne voyait plus en moi l’amante de nos débuts, juste la mère de ses enfants. Il souhaitait sortir de notre routine. Comment cet homme bien rangé a-t-il succombé à une mangeuse d’hommes ? C’est vrai que mon époux a un physique d’Apollon, mais le fait de tout plaquer pour une femme dévergondée m’a laissée sans voix.

« Le temps d’encaisser le coup, puis la colère a fait place à une force surhumaine. J’ai mis mes sentiments de côté. Plus de pleurnicheries, plus de sentimentalisme à deux balles. Je n’allais pas le laisser me détruire.

Au contraire, j’allais être le regret de sa vie. Professionnellement, je m’ennuyais depuis un certain temps dans mon boulot. Une amie me proposait depuis quelque temps déjà de la rejoindre dans un projet de création d’une start-up.

J’ai sauté le pas. Ma nouvelle vie professionnelle, par son intensité, m’a aidée à oublier mon ex-mari. Cette épreuve m’a fait grandir. J’ai l’impression que je peux affronter n’importe quel problème à présent. Je me dis que j’ai gagné mes enfants.

Ils se souviendront toujours que je me suis battue pour eux et que je suis restée la même. Mes enfants sont ma richesse. Et puis, qui sait de quoi demain sera fait ! Peut-être que je finirai par rencontrer un nouveau compagnon ? ».

Double choc

Suite à l’ablation de son sein à cause d’une tumeur, Zahida (32 ans) a assisté à la métamorphose subite de son époux. « Il est devenu froid, indifférent et distant. Un jour, il a fini par cracher le morceau. Il m’a déclaré qu’il voulait refaire sa vie avec une « vraie » femme. J’ai compris que le sein manquant à mon anatomie suite à mon cancer était la cause de cette volte-face.

« Maman d’une petite fille, j’ai dû accepter cette situation. Au début, pour sauver mon foyer, j’ai proposé d’accepter une seconde épouse pour lui. Il a décliné ma proposition et a préféré mettre un point final à notre relation après six ans de vie commune.

Sa décision était irrévocable. Pour moi, ce fut un double choc : ma maladie puis la démolition de mon foyer. C’est un peu trop pour une seule femme. Bien déterminée à ne pas me laisser mourir, j’ai cherché la vie. J’ai consulté une psy, fait du sport, et me suis rapprochée de mes amis et de ma famille. Aujourd’hui, je me sens beaucoup mieux ».

Avec volonté, force et stoïcisme, ces femmes trahies ont réussi à sortir la tête de l’eau. En se disant que la vie continuait malgré tout, le soleil a fini par éclaircir leur ciel. Femmes battantes et téméraires qui empruntent au roseau sa force : plier peut-être, mais rompre, jamais.