Il me tabasse, mais je l’aime !

« Il me frappe, mais je l’aime et je n’arrive pas à le quitter ! » Plusieurs femmes vivent cette situation en souffrant en silence. Combien de fois leurs compagnons lèvent-ils la main ou le poing contre elles sans qu’elles protestent ni se défendent ? Pire encore, elles espèrent qu’un jour, ils vont changer. Pourquoi cette passivité ? Par Sarah. S.

Souffrir par amour et accepter la violence au sein du couple peut entraîner des conséquences irréversibles. Après quelques semaines à vivre le grand amour, voilà que votre conjoint se transforme en une véritable bête dès que vous le contrariez. Il n’hésite pas à vous donner une gifle ou à vous secouer violemment en cas de dispute. Quel cauchemar ! Et pourtant, vous ne parvenez pas à le quitter.

Je ne peux pas le quitter

« Quand mon mari est mal dans sa peau, quand il rencontre une difficulté ou lorsque nous nous disputons, il n’hésite pas à recourir aux violences physiques.

J’en ai ras-le-bol certes, mais je n’ai aucune envie de le quitter, car je l’aime tellement », avoue Selma, 40 ans. Mariée depuis 12 ans, Selma vit dans ce cercle vicieux depuis le début de sa vie conjugale. Elle ne parvient pas à échapper à cet engrenage. Pour elle, faire profil bas, endosser les coups et se relever après est la seule solution pour préserver sa vie de couple.

Pourquoi ces femmes n’arrivent-elles pas à changer leur existence ?

Plusieurs raisons peuvent amener les femmes à accepter cette situation accablante et voici quelques explications :

Parce qu’elles se voilent la face

Pour ne pas penser à la séparation, les victimes tentent souvent de se convaincre que c’est la dernière fois que cela arrive. C’est une manière de se réconforter et de croire en un changement dans un futur proche, mais malheureusement, dans la plupart des cas, cela reste une illusion.

Parce qu’elles sont manipulées par la violence

Certaines séquelles psychologiques encouragent cette dépendance chez la femme, qu’il s’agisse d’un trouble psychologique, d’un traumatisme depuis l’enfance ou d’un manque de confiance en soi. Prise au piège, en silence, elle se retrouve affaiblie face à cette maltraitance qui piétine son estime de soi.

Parce qu’elles ont peur

Paralysée par les menaces et craintes de ce qui pourrait se passer si elle quittait son partenaire, la femme n’arrive fréquemment pas à surmonter cette peur et continue à penser que la meilleure solution est de rester avec cet homme qui la bat.

Un amour qui apporte plus de mal que de bien. Par amour, la femme peut manquer de raison en permettant l’inadmissible au détriment de sa personne pour tenter de protéger son attachement à cet homme violent.

L’avis du psychologue

« Dans la plupart des cas, les femmes habituées à cette violence conjugale ont vécu dans leur enfance des moments difficiles : manque d’affection, violence familiale, traumatisme. Elles se forgent leur propre idée de cet amour nuisible, mais qui reste légitime à leurs yeux. Parfois, elles justifient cette attitude violente par le caractère protecteur et macho du conjoint. Par ailleurs, par amour, elles espèrent pouvoir changer leur mari et vivent dans cet espoir.

Cependant, en tant que psychologue, je peux affirmer que ce type d’homme ne peut pas changer sans une psychothérapie approfondie. La femme doit savoir que ne pas réagir face à cette violence ne fera qu’affirmer le sentiment de supériorité chez l’homme. En cherchant à tout prix à flatter son ego, il usera de son emprise et jouera de ses sentiments en la maltraitant.

Je conseille en premier lieu à ces femmes de parler autour d’elles, car l’isolement ne fera qu’empirer la situation. Elles ont réellement besoin de soutien et souvent une simple phrase de leurs proches peut les aider à ouvrir les yeux et à faire ce pas en avant. Ça peut paraître difficile, mais il est vivement recommandé de porter plainte avant que la situation ne devienne critique. Ensuite, tout dépend de la gravité du cas psychologique de l’agresseur ; il serait étonnant de le convaincre d’aller voir un spécialiste. Mais si cela se présente, n’hésitez pas à prendre rendez-vous dès que possible avec un psychologue pour expliquer la situation. »

Remerciements au Dr Belbrouat Salima, Psychologue clinicienne, Cité El Djorf, Bt 4, Bab Ezzouar, Tél. 0550 584 888