Raki toute pâlotte, wech bik ? Quand l’indélicatesse s’invite dans la discussion

Vous avez sûrement vécu cette situation. Vous rencontrez une vielle connaissance qui vous lance de prime abord : «Wech bik, raki mesfara (pâlotte) » ou « Wow, tu as trop grossi ! » ou encore « Tu es tellement squelettique, tu devrais manger plus ! ». Par Celia Ouabri

Certaines personnes ont cette détestable manie de balancer des remarques déplacées sur notre physique. Une habitude très courante dans notre société. Pourtant, le savoir-vivre et la délicatesse dictent de ne pas mettre son vis-à-vis dans la gêne avec des questionnements intempestifs.

Maladie, fatigue et problèmes personnels peuvent impacter notre apparence et notre physique. Ce n’est pas pour autant que l’on éprouve le besoin de se justifier aux yeux de la première personne croisée dans la rue. Que ce soit fait dans le but de saper le moral de son interlocuteur ou par simple maladresse, ces remarques désobligeantes sont à bannir complétement !

Tu te prends pour un docteur ?

Personne n’y échappe. Voir une tierce personne ‘entrer dans le 18’ comme disent les footballeurs ! Cela comporte généralement des remarques sur le physique, mais pas seulement. Des allusions à la vie privée sont également débitées sans coup férir.

« Ma collègue me scrute à la loupe » raconte Faïza (34 ans). « Chaque matin, j’ai droit à un diagnostic médical : tu es trop pâle, tu as encore maigri, tu ne devrais pas porter du noir, ça assombrit ton visage… Un jour, j’en ai eu par-dessus la tête. Je l’ai remise à sa place en lui interdisant de me faire ce genre d’observations. Depuis, elle me boude, mais j’ai la paix royale ».

Absence de délicatesse

Un individu peut traverser une période difficile dans sa vie à cause d’une grave maladie sur laquelle il n’a pas toujours envie de s’épancher. Pourquoi en rajouter en l’accablant davantage ? « Lorsque j’ai fait ma chimiothérapie suite à l’ablation de mon sein, des personnes indélicates me faisaient des remarques sur mon extrême maigreur, la perte de mes cils et de mes cheveux » se souvient Soraya (51 ans).

« Au lieu de recevoir des mots réconfortants et encourageants ou même un silence compatissant, j’avais droit à une avalanche de remarques bizarres. En fait, les gens ne se mettent jamais à votre place. Ils manquent complètement de délicatesse ! C’est insupportable ».

« Le seum » à profusion

La jalousie peut être à l’origine d’un tombereau d’observations sans fondement. Et elle peut émaner de proches, comme en témoigne Zouzou (37 ans). « Certaines personnes sont tellement malheureuses dans leur vie, que leur seul motif de satisfaction est d’essayer de vous miner le moral par de méchantes remarques.

À chaque fois que je rencontre ma cousine (elle est toujours célibataire à 40 ans), elle me fustige sur mon poids et celui de ma petite fille qu’elle traite d’obèse. Elle ne réalise même pas que le ‘seum’ se lit sur son visage. Je la déstabilise par mon silence. C’est par la force et l’indifférence qu’il faut affronter ce genre d’énergumènes ».

Bébé, c’est pour quand ?

Dans notre société, dès qu’une jeune fille atteint le quart de siècle et qu’elle ne s’appelle pas encore Madame, l’entourage se lance dans d’improbables supputations. Même celles qui sont mariées et qui n’ont pas encore eu un polichinelle dans le tiroir sont apostrophées.

Ça donne ce genre de remarques surréalistes « Alors, qu’est-ce que tu attends pour faire un bébé ? » « Les femmes ont une date de péremption, alors grouille-toi »… Samira (34 ans) est mariée depuis sept ans. Son désir de maternité la ronge et les dizaines de spécialistes consultés n’ont rien donné. « En plus de ce problème que je traine comme un boulet, je dois affronter les questions intrusives des gens. De quoi je me mêle, ai-je envie de leur crier à la figure. Est-ce qu’ils peuvent s’imaginer une seconde que leurs mots peuvent être blessants ? C’est le message que je souhaite faire passer ici ».

La délicatesse et le savoir-vivre nous apprennent à éviter d’être intrusifs dans la vie des autres. Il y a une frontière à ne pas franchir ! À bon entendeur !