La tenue sahraouie : un voyage au cœur de la culture touarègue

Dans les vastes étendues du Sahara algérien, là où le temps semble s’arrêter et où le sable doré danse avec le vent, se distingue une silhouette bleue : celle des Touaregs. Par Meriem Kamli

Ces derniers sont les gardiens des traditions ancestrales et des symboles vivants de l’identité saharienne. Au cœur de leur style de vie de nomade, on retrouve un élément emblématique : la tenue sahraouie qui est le témoin d’une histoire millénaire et le porteur de richesse culturelle d’une valeur inestimable.

La tenue sahraouie : un patrimoine algérien unique 

La tenue sahraouie est un élément essentiel du patrimoine culturel algérien. Elle se distingue par ses couleurs vibrantes, principalement à travers le bleu indigo, ses motifs berbères ainsi que sa conception parfaite pour une bonne adaptation à l’environnement difficile du Sahara.

Loin d’être qu’un simple héritage, la tenue sahraouie est régie par des codes particuliers qui diffèrent pour les hommes et les femmes.

Pour les hommes

  • Le litham : il s’agit du voile de couleur bleu indigo qui recouvre le bas du visage des hommes. C’est l’élément le plus symbolique de la tenue sahraoui masculine. Ce dernier est fabriqué en coton fin et sert à protéger le visage du soleil et du sable lors des déplacements dans le désert. Sa couleur bleue provient de l’indigo qui est un colorant naturel traditionnel.
  • La gandoura : c’est une longue robe large et ample, généralement blanche, portée par-dessus une chemise. Elle est fabriquée à partir de tissus légers comme le coton ou le lin pour pouvoir s’adapter à la chaleur du désert.
  • Le sarouel : c’est un pantalon bouffant large et confortable. Il est habituellement fabriqué en laine ou en coton. Il permet une grande liberté de mouvement et protège les jambes du sable et des épines.
  • La chéchia : il s’agit d’un bonnet en laine porté sur la tête pour protéger du soleil.

Pour les femmes

  • La melhafa : c’est un grand voile qui couvre tout le corps à l’exception du visage et des mains. La melhfa est fabriquée en coton ou en laine et peut être parfois brodée de motifs.
  • La takchita : c’est une longue robe ample et élégante qui est très souvent faite en soie ou en velours. Cette dernière est portée lors des occasions spéciales.
  • Les bijoux : les femmes sahraouies portent de nombreux bijoux en argent ou en or, notamment des colliers, des bracelets et des boucles d’oreilles. Ces bijoux berbères sont encore transmis de génération en génération et ont une grande valeur symbolique.

Le voile facial touareg : entre légende et réalité 

Connu sous le nom de litham, le voile masculin touareg est un élément de la culture saharienne qui fait l’objet de nombreux débats et légendes.

Le litham : un voile aux multiples fonctions 

Le litham est un voile de couleur bleu indigo fabriqué en coton fin. Il couvre entièrement le visage, à l’exception des yeux, laissant une petite bande visible. Son rôle premier est de protéger le visage du soleil brûlant, du sable ainsi que du vent du désert.

Il permet aussi de respirer un air plus frais et de filtrer le sable et la poussière. Autre fait, le litham peut servir également à masquer ses émotions et ses intentions, ce qui se rapproche plus des faits contés dans le mythe qui tourne autour de ce dernier.

La légende du voile facial : honneur et défaite 

Une légende touarègue raconte une histoire fascinante sur l’origine du litham. D’après cette dernière, les femmes touarègues étaient dans le passé de grandes guerrières. Et lors d’une bataille particulièrement dure, les hommes touaregs furent vaincus et humiliés. Pour éviter que leurs femmes voient leurs visages marqués par la défaite, ils décidèrent de se couvrir le visage. Depuis ce jour, les hommes touaregs portent le litham pour symboliser leur engagement à protéger les femmes et à défendre l’honneur de la tribu. Le voile est ainsi un rappel de la défaite passée et de l’importance de toujours se battre avec courage et dignité.

Il est toutefois important de noter que cette légende n’est qu’une histoire orale et n’a pas de fondement historique vérifiable. Et donc, il faudrait la considérer comme un conte et non comme un récit historique, mais elle nous offre un aperçu précieux de la culture touarègue et de son riche patrimoine. L’origine du litham est probablement plus complexe et liée à des facteurs pratiques, comme la protection contre les éléments du désert.

Mais pourquoi les femmes ne portent-elles pas le litham ?

De nos jours, le port du litham connaît une évolution. De nombreux hommes touaregs continuent de porter le voile, en particulier lors des déplacements dans le désert. Mais, dans les villes et les lieux plus modernes, certains hommes choisissent de ne pas le porter.

En ce qui concerne les femmes touarègues, elles ne portent généralement pas de voile facial et cela revient aux raisons suivantes :

  • Elles ne portent généralement pas de voile facial, car elles ne se déplacent pas dans le désert et restent chez elles, ces dernières n’ont pas besoin de la même protection contre les éléments que les hommes.
  • Leur visage est considéré comme un symbole de beauté et de féminité. De ce fait, il n’est pas nécessaire de le cacher.
  • Une autre raison se propose, les femmes touarègues ont un rôle important dans la société et sont libres de s’exprimer et de participer à la vie publique. Le voile facial ne serait donc pas compatible avec cette liberté.

Pour conclure, la tenue sahraouie ne se limite pas à un ensemble de tissus. C’est le symbole d’une identité, d’une histoire et d’un héritage. Face aux défis du temps et de la modernité, le peuple Touareg continue de préserver cet héritage culturel unique et célèbre encore chaque coutume et valeur.