Ce roman, qui plonge dans les ténèbres de la « décennie noire » algérienne (1992-2002), explore les massacres qui ont défiguré le pays, tout en offrant une réflexion profonde sur la mémoire, la violence et la rédemption. Une récompense bien méritée pour un auteur qui continue de marquer la littérature contemporaine avec une plume unique et un regard acerbe sur l’histoire de l’Algérie.
Au cœur de cette histoire
Aube, une jeune femme, se retrouve face à un dilemme déchirant : comment vivre avec le poids d’une mémoire qui lui fait tellement mal, tout en cherchant à donner un avenir à une enfant qu’elle porte en elle ?
Aube est une jeune Algérienne qui doit se souvenir de la guerre d’indépendance qu’elle n’a pas connue, tout en cherchant à effacer les souvenirs de la guerre civile des années 1990, dont elle a été victime.
La tragédie de son existence se manifeste par une cicatrice sur son cou et des cordes vocales endommagées. Muette, elle aspire à retrouver sa voix.
L’histoire qu’elle porte en elle ne peut être révélée qu’à l’enfant qu’elle attend. Mais a-t-elle le droit de donner la vie ? Peut-on engendrer quand on a failli perdre la sienne ? Dans un pays où des lois interdisent de parler de la guerre civile, Aube prend la décision de retourner dans son village natal, là où tout a commencé, espérant que les âmes disparues lui offriront des réponses.
La guerre civile comme trame de fond
Le roman s’appelle Houris du nom des 72 vierges attendues par les kamikazes dans le paradis, explique l’auteur Kamel Daoud dans une entrevue au journal Le Point. D’après Kamel Daoud, ce livre évoque la condition de la femme durant la guerre civile (1990/ 2002). « C’est l’histoire d’une femme à qui on a quasiment coupé la gorge, qui a perdu ses cordes vocales, et qui veut raconter cette histoire-là. », explique l’auteur.
« Je suis très heureux, c’est cliché, mais il n’y a pas d’autres mots », a réagi Kamel Daoud, l’écrivain franco-algérien de 54 ans, après avoir remporté le prestigieux prix Goncourt 2024 pour son roman Houris. L’annonce a eu lieu au restaurant Drouant à Paris, lieu traditionnel de la remise des prix littéraires Goncourt et Renaudot.
Le jury a couronné l’auteur dès le premier tour de scrutin, avec six voix en sa faveur, loin devant Hélène Gaudy (deux voix), Sandrine Collette (une voix) et Gaël Faye (une voix). Ce dernier a également été récompensé par le prix Renaudot pour son roman Jacaranda, qui traite de la reconstruction du Rwanda après le génocide de 1994.
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