Je renonce à faire des régimes et je m’en fiche

Faut-il être filiforme et mince pour être désirable ? C’est en tout cas ce que tentent de nous faire croire les magazines de mode. L’impact est foudroyant : la moitié des femmes de la planète sont au régime pour répondre aux normes des canons de beauté du moment. Par Celia Ouabri

Cependant, la résistance s’organise. Çà et là, des voix s’élèvent pour dénoncer ce diktat. Résultat : certaines femmes ont envoyé valser leur balance par la fenêtre et ont retrouvé le chemin des buffets dînatoires gargantuesques entre amis.

« Que diable les kilos ! Aux orties le culte du corps ! Après tout, on ne vit qu’une fois », s’insurgent-elles. Après des régimes draconiens qui ne leur ont laissé que des frustrations et de l’amertume, ces femmes ont décidé d’assumer leurs rondeurs. Adèle, la chanteuse, n’est-elle pas bien en chair ? Et que dire de la top-modèle Tess Munster, mannequin « plus size » de 120 kilos ? Bon, on n’en est pas encore à ce stade, bien sûr, mais se contenter d’une tomate-mozzarella, d’une soupe et d’un yaourt par jour, c’est terminé ! Chocolats fourrés, pâtisseries fines et crème fraîche sont de retour sur la table.

Société complètement aliénée

Des rondeurs, Kahina (34 ans) en a eu depuis l’adolescence. Pour être mince comme ces stars hollywoodiennes, la jeune femme s’est astreinte à freiner son appétit. Jusqu’à ce déclic survenu il y a environ deux ans : « J’ai mis une croix définitive sur les régimes amaigrissants. En fait, j’ai compris que la société actuelle nous impose son diktat.

Être belle, c’est d’abord être mince. Les mannequins et autres tops-modèles nous le rappellent à grands coups de photos sur papier glacé ou à la télé. Pourtant, à y réfléchir un peu, on réalise vite qu’on subit une sorte d’aliénation. Perso, j’ai suivi des régimes éreintants pendant de longues années. Privations, restrictions, frustrations… je connais par cœur ce répertoire. De longs mois de sacrifice, à décliner les invitations de peur de craquer, et à me contenter de salades déprimantes ! Sur la balance, le résultat était toujours timide.

Toutefois, gagner une taille était quand même une belle revanche. Le problème, c’est qu’au moindre pépin dans la vie, je me jetais sur la nourriture. Quand j’ai rompu avec mon petit ami, j’ai repris cinq kilos en deux semaines. Mon corps a commencé à stocker les sucreries que je lui avais interdites. Mon poids jouait au yoyo au gré de mes humeurs. Ma prise de conscience s’est faite suite à ma rencontre avec l’homme de ma vie.

Il a un bon coup de fourchette et fait toujours honneur aux plaisirs de la table. Il m’a redonné confiance en moi, en m’assurant qu’il m’aimait même avec mes rondeurs. Depuis, j’ai intégré dans ma tête qu’être mince n’est pas une condition sine qua non pour être jolie et trouver l’amour. J’ai lâché la rampe côté régime. Désormais, je ne suis plus affamée et franchement, c’est bien mieux comme ça ! »

La révolte des « grosses »

Samra (27 ans) s’est également réconciliée avec son assiette. Toutefois, elle relève une injustice génétique : « Moi, il suffit que je regarde une pâtisserie pour grossir. Ma meilleure amie, elle, peut avaler ce qu’elle veut sans prendre un gramme. J’ai multiplié les régimes sans résultat probants. Dès que j’arrête un régime, je reprends le double de mon poids. Se priver des bonnes choses à manger n’est pas bon pour le moral non plus.

Voilà pourquoi j’ai renoncé à faire des régimes. Je pèse 69 kilos pour 1,60 m. Je m’habille en taille 42. Et après ? En tout cas, je ne zappe plus les sorties au resto avec mes amis et je ne cumule plus de frustrations. Pour compenser, je fais du sport. Je me sens mieux dans ma peau depuis que j’ai accepté mon sort. »

Belle dans son caftan

« Le culte du corps mince est une invention de l’univers de la mode », pense Hana (41 ans). Pourtant, culturellement, on préfère les femmes bien en chair dans notre société. Un kaftan, une blousa ou une robe berbère ne mettent la femme en valeur que si elle possède de belles hanches et une poitrine généreuse. C’est cela, la féminité. J’ai abusé de régimes qui ont bousillé ma santé. Pourquoi vouloir à tout prix rentrer dans un jeans taille ‘S’ ? Au fond, c’est ridicule. J’ai fini par m’accepter telle que je suis. Je mange de tout, tout en faisant attention à ma santé. Mais j’ai juré : les régimes amaigrissants, c’est fini ! »

Mince ou enveloppée, qu’importe ! L’essentiel, c’est d’accepter son poids et de se sentir bien dans sa peau. Se ruer sur la malbouffe sous prétexte qu’on s’en fiche de faire fléchir l’aiguille de la balance n’est pas la solution non plus. Manger par plaisir, certes, tout en préservant son capital santé en optant pour un régime équilibré, avec des « craquages » de temps en temps afin d’éviter les frustrations. C’est en tout cas ce que nous conseillent les nutritionnistes. À bon entendeur…