Quand le silence devient complice

Combien d’enfants devront encore être détruits pour que l’on réagisse ? Combien de larmes étouffées, de cauchemars silencieux et de vies brisées avant que notre société se tienne enfin du côté des victimes ?

Ce qui s’est passé à Oran où un prédateur sexuel a agressé une quarantaine de mineurs n’est pas un simple fait divers. C’est une alarme. Une de plus. Mais serons-nous encore sourds cette fois-ci ?

Lorsque la peur du « qu’en dira-t-on » passe en premier

Dans notre société, le tabou prend souvent le pas sur la justice. Le déni est plus confortable que l’action.

Par peur du scandale, on protège l’agresseur. Sinon, comment expliquer que parmi les 40 victimes des enfants agressés sexuellement par un prédateur sexuel à Oran, aucun parent n’ait déposé plainte ou dénoncé l’agresseur ? Il aura fallu qu’une vidéo glaçante circule sur les réseaux sociaux pour que les choses commencent timidement à bouger.

Par peur du « hchouma », on enterre la parole de l’enfant. Et pourtant, derrière chaque silence, il y a une vie qui se brise. Une petite fille qui n’osera plus jamais dormir paisiblement. Un petit garçon qui ne saura peut-être jamais se reconstruire.

Il est temps d’ouvrir les yeux

La pédophilie n’est pas une rumeur, ni un sujet « trop sensible ». C’est une réalité. En 2024, un article publié sur le quotidien d’information francophone El Watan parle de 70 % d’enfants victimes de violence sexuelle. Les chiffres font peur. Une réalité honteusement ignorée. Et tant que la société civile ne prendra pas sa part de responsabilité, les prédateurs continueront d’agir dans l’ombre, encouragés par notre passivité. Nous devons agir. Nous devons parler. Nous devons dénoncer.

Les victimes ont besoin de soutien, pas de silences gênés. Elles ont besoin de justice, pas de familles qui étouffent l’affaire « pour préserver l’honneur ». Il n’y a aucun honneur à se taire quand un enfant est agressé.

À toutes les associations, aux éducateurs, aux journalistes, aux influenceurs, aux familles, aux citoyens : réveillez-vous. Multiplions les campagnes de sensibilisation. Ouvrons des espaces de parole. Renforçons l’éducation sexuelle et la prévention. Exigeons des lois plus strictes, des jugements plus fermes. Et surtout : écoutons les enfants. Le silence ne protège pas. Il tue à petit feu. Et chaque silence est une agression de plus.