7ᵉ Festival du Rire : lancement éclatant à l’Opéra, cap sur le TNA

La 7ᵉ édition du festival Le Rire en Scène a démarré ce mercredi 17 juillet à l’Opéra d’Alger, dans une atmosphère à la fois chaleureuse et hilarante. Par Farah Bachir Cherif

Organisée par Broshing Events et parrainée par le ministre de la Culture et des Arts, Zouhir Ballalou, cette soirée d’ouverture a offert un aperçu prometteur des spectacles à venir. Les représentations se tiendront les 18 et 19 juillet au Théâtre National Algérien (TNA), avec une programmation riche en découvertes et en talents confirmés.

Le public a pu savourer des extraits de 5 à 10 minutes de chaque humoriste, dans un rythme bien tenu par Farid, l’animateur de la soirée. Un hommage vibrant a également été rendu aux champions algériens des Jeux Olympiques 2024, tels qu’Imane Khelif et Kaylia Nemour, illustré par des images fortes.

Mouad, Younes et les promesses de demain

Parmi les nouvelles voix, Mouad Benacer, venu de Batna, a conquis la salle avec un sketch attendrissant sur son père et le stress autour du bac. De son côté, Younes Hanifi, humoriste franco-algérien, faisait ses débuts en Algérie et a déclenché un fou rire avec cette anecdote : il invite sa mère à venir le voir sur scène, elle refuse… jusqu’à ce qu’il mentionne la présence d’Abdelkader Secteur.
“Ah là, je viens ! Et prends-moi deux places !” a-t-elle lancé, hilare.

Farès Barket : improv’ et humour à toute épreuve

Originaire d’Annaba, Farès Barket a véritablement électrisé la scène avec seulement deux ans d’expérience.

Naturel, spontané, il a partagé une anecdote savoureuse : invité à une soirée avec after party qu’il voulait éviter, il change d’avis dès qu’il apprend que c’est… payant. Et quand la danseuse prévue pour la troisième partie tarde à arriver, il la remplace sans hésiter :
“Je suis monté sur scène, j’ai dansé, improvisé, fait deux spectacles en un… mais tant que c’est payé, tout va bien !”

Dans le taxi, le chauffeur lui lance :
“Tu vois, les gens sont prêts à vendre leur âme pour de l’argent !”
Coincé, Farès répond :
“Oui, t’as vu…”, en hochant la tête pendant que le chauffeur poursuit sa diatribe.
Un moment de stand-up brut, drôle et savoureusement gênant, qui a provoqué une véritable ovation.

Farès forme un duo complice avec Inès de Constantine. Ensemble, ils ont déjà tourné en Suisse et en France, et leur alchimie sur scène est un plaisir à voir. C’est grâce à sa participation — et sa victoire — à un concours de jeunes talents en stand-up qu’il a pu faire un bond remarquable dans sa carrière. Cette reconnaissance lui a ouvert les portes de l’Europe et du Canada, où il s’est produit avec succès. Un humour franc, un sens du timing impeccable, et une énergie contagieuse : Ès Barket est clairement un nom à suivre.

Ayoub Marceau, une performance en demi-teinte

En revanche, Ayoub Marceau n’a pas totalement convaincu. Sa blague récurrente sur le chlore et la piscine a fini par s’essouffler. À force de barboter dedans, c’est lui qui s’est noyé… dans sa propre piscine surchlorée.

Charly Nyobe & Merwane Benlazar : le punch dans la peau

Charly Nyobe, humoriste franco-camerounais passé par le Jamel Comedy Club, a littéralement mis le feu au plateau avec un humour franc et une énergie débordante.

Même une allusion osée à Brigitte Macron est passée comme une lettre à la poste. Il confie avoir rêvé de venir en Algérie depuis 2014.

De son côté, Merwane Benlazar, lui aussi issu du Comedy Club, a enchaîné les vannes sociales avec un rythme parfaitement maîtrisé. Sa performance puissante confirme qu’il fait partie des humoristes à suivre de près.

Risquerai-je de rire avec cette liste interminable ? On se le demande… mais le moins qu’on puisse dire, c’est que c’était du costaud.

Abdelkader Secteur : l’ouverture qui décoiffe

La soirée s’est clôturée en beauté avec l’arrivée très attendue d’Abdelkader Secteur, légende du stand-up arabophone.

Avec son style unique, nourri par les mariages de Ghazaouet et affiné sur les scènes du Jamel Comedy Club, il a livré un spectacle à la fois critique et hilarant, s’appuyant sur la sagesse populaire et une autodérision ciselée.

Il n’a pas hésité à tacler ceux qui le critiquent tout en continuant à venir à ses spectacles. Une pique bien placée, accueillie par des éclats de rire nourris, preuve de sa capacité à transformer la critique en punchline, toujours avec subtilité.

Un hommage touchant a par ailleurs été rendu à Madani Namoun, figure ferme du théâtre et de la télévision en Algérie, disparu récemment. Les soirées au TNA promettent d’être mémorables : talent, humour et surprises seront au rendez-vous. Alger s’affirme ce soir comme une capitale du rire à ne pas manquer.