Rancunière ou bonne pâte ?

Une critique, une dispute, un mot de travers, un acte tordu et vous voilà dans tous vos états. Furax, vous boudez dans votre coin et ruminez votre colère en jurant de mettre une croix définitive sur la personne qui a trahi votre confiance. Par Celia Ouabri

Alors que certains ont cette capacité de passer l’éponge et de tourner la page après une blessure, d’autres, au contraire, ont la rancune tenace. Et vous ? Êtes-vous du genre à pardonner facilement quand quelqu’un vous fait une crasse ? Comment as-tu pu me faire ça ?

La rancune dans le sang

Oublier une date d’anniversaire, une étourderie qui peut coûter cher, à son auteur, en matière de bouderie ! Hamid (39 ans) en sait quelque chose. Il a malencontreusement zappé l’anniversaire de ses épousailles avec sa femme. Une hérésie aux yeux de sa tendre et chère.

« Ma compagne a immédiatement déterré la hache de guerre, surtout qu’elle avait prévu un dîner spécial et un joli cadeau pour moi. En voyant le paquet emballé dans du papier pailleté, j’ai soudain réalisé qu’on était le 6 octobre : le jour de mon mariage avec l’amour de ma vie.

Ouille ouille, la grosse boulette ! J’ai eu droit à des tombereaux de reproches puis silence radio. À ce jeu-là, ma petite chérie, grande rancunière devant l’éternel, est très forte. Je suis sorti sur le champ acheter un bouquet de roses et des gâteaux, mais rien n’y fit. Mon épouse a continué à faire sa tête des mauvais jours pendant une semaine. Et quand, enfin, elle accepta de m’adresser la parole, ses premiers mots furent ‘ne me refait plus jamais ça’ ! ».

Leila (41 ans) a aussi la rancune tenace

« Je m’en fiche quand une personne éloignée de mon cercle intime a un comportement déplacé envers moi. Pour peu qu’elle me présente des excuses, je pardonne et passe à autre chose. En revanche, si cet impair est commis par un être proche, je vois rouge et ferme la porte du dialogue pour toujours » assure la jeune quadragénaire.

« Je ne suis pas une bonne poire »

Hayet (45 ans) est loin d’être une bonne poire qui encaisse tout sans ciller. Et tant pis si la personne qui l’a déçue fait partie de sa famille.

« Il y a quelques années, ma cousine m’a fait un sale coup en répandant des propos calomnieux à mon sujet. À l’origine de toute cette haine, sa déception de voir que le gars qu’elle convoitait avait jeté son dévolu sur moi en me demandant en mariage. Folle de rage, elle s’est mise à casser du sucre sur mon dos.

Cette calomnie a eu raison de ma patience et j’ai fini par couper définitivement les ponts avec elle, en dépit du lien de parenté qui nous unit. Certains mots ne peuvent être effacés. D’où ma rancune ».

Je te pardonne, mais je n’oublie pas

La rancune a souvent la dent dure. Toutefois, certaines personnes parviennent à dépasser leurs blessures et à pardonner. Melissa (24 ans) a eu une grave altercation avec sa meilleure amie.

« C’était pour une affaire de garçon. Je n’ai pas apprécié qu’elle sorte avec mon petit copain après notre séparation. Au début, j’étais très remontée contre elle. Je l’avais rayée pour toujours de la liste de mes amies. Puis, quelques mois plus tard, ma colère est retombée et j’ai fini par lui pardonner cette incartade. Ma mère m’a toujours appris que personne n’est infaillible et qu’il faut savoir tourner la page. ».

Tout est une question de nuances

Pour Salim (43 ans), les choses ne sont pas blanches ou noires. C’est une question de nuances : « Cela dépend du degré de la crasse que l’on me fait » argue-t-il. « Dans la vie, il y a des choses qu’on ne peut laisser passer sans réagir. Je serai sans pitié si quelqu’un venait à toucher à mon honneur, à mon épouse ou à mes enfants.

Je ne supporte pas non plus qu’on m’insulte ou qu’on se moque de moi. Mais si c’est juste un mot déplacé ou un geste d’énervement causé par une situation exceptionnelle, je ferme les yeux, surtout si on me présente des excuses. Cela peut arriver à tout le monde de déraper ».

Certains conservent pour toujours une dent contre les gens qui les ont offensés. D’autres préfèrent mettre de l’eau dans leur vin en pardonnant les mesquineries de leurs pairs. Ainsi va la vie !