Aïd El Fitr : il n’y a pas que les enfants qui se mettent sur leur 31 !

C’est la tradition : l’Aïd El Fitr rime avec gâteaux, réjouissance et retrouvailles familiales. Les enfants trépignent d’impatience de voir ce jour de fête se lever. Ils ne sont pas peu fiers de parader dans le quartier avec leurs fringues neuves et en mettre plein les yeux à leurs voisins en culottes courtes. Par Celia Ouabri

Si traditionnellement, l’achat de tenues neuves se limitait aux bambins, la vapeur s’est inversée ces dernières années. En faisant un tour dans les boutiques de prêt-à-porter, on remarque que les cabines d’essayage ne désemplissent pas.

Des femmes, de tous les âges, choisissent une belle tenue à arborer le jour ‘J’. Une robe, une jupe, un chemisier, une paire de chaussures… enfin qu’importe ; un article neuf, sorte de ‘fêl’ ou de ‘baraka’ pour marquer ce jour de fête et de retrouvailles avec les êtres qui leur sont chers !

Cette journée festive, qui clôture un mois de jeûne, revêt une grande importance chez les musulmans. Les femmes, et parfois même les hommes, se parent de leurs plus beaux atours. Mariés ou célibataires, ils ne manquent pas à la tradition de revêtir un vêtement acheté spécialement pour l’occasion.

Car je le vaux bien !

Nihal, âgée de 40 ans, a habillé ses enfants de la tête aux pieds avant de s’octroyer une séance de lèche-vitrine. Son objectif : dénicher une belle robe à porter le jour de l’Aïd. « Maman le faisait déjà », nous révèle cette quadragénaire. « Elle était toujours élégante et radieuse le matin de l’Aïd El Fitr. Mes sœurs et moi suivons son exemple. Franchement, après 30 jours passés à piétiner dans ma cuisine pour satisfaire les estomacs affamés de ma petite tribu, je mérite bien une récompense, non ?

Il y a même des époux qui offrent un cadeau à leur compagne pour tous les sacrifices ‘culinaires’ de ce mois sacré. Pour ma part, je n’attends rien de personne. Je vais dans une boutique et je fais chauffer ma carte bancaire. Au matin de l’Aïd, c’est la totale : coloration des cheveux, brushing, tenue, bijoux… Et comme le dit si bien la pub : je le vaux bien ! ».

Une cravate neuve pour monsieur ?

Meriem, âgée de 56 ans, entraîne son époux dans une boutique de prêt-à-porter pour hommes. « Qui a dit que seuls les enfants étaient autorisés à avoir des vêtements neufs pour l’Aïd ? », lance-t-elle. Certes, ils sont les premiers à être servis, mais mon mari et moi ne sommes pas en reste. Comme chaque année, j’aide mon conjoint à choisir un pantalon, une chemise et une belle cravate à porter le jour de l’Aïd, ensuite, ce sera mon tour.

Je tiens à ce que toute ma famille soit sur son 31. Pour moi, cette fête est comme un nouveau départ. Tout doit être parfait : la maison, le ‘sni’ orné de gâteaux… Je reçois de nombreuses visites. On échange des assiettes de gâteaux, mais il y a aussi le plaisir d’être bien habillé », conclut-elle.

Une ‘djebba’ pour belle-maman

L’Aïd, c’est aussi l’occasion d’offrir des cadeaux aux mamans et belles-mamans. Les jours précédant le jour ‘J’, les étals regorgent de robes d’intérieur, de tissus, de foulards, de mules et de parfums. « Chaque année, j’offre une jolie ‘djebba’ ou un parfum à ma belle-mère », nous confie Sonia (34 ans). « Ces gestes sont ancrés dans nos coutumes. Une tradition qui resserre les liens et fait tellement plaisir. Plaisir d’offrir et de recevoir également ! ».

Les derniers jours de Ramadan s’apparentent souvent à une course contre-la-montre. Entre les achats de vêtements, la préparation du repas et la confection des gâteaux, les femmes sont généralement débordées. Qu’à cela ne tienne, elles relèveront le défi. Au matin de l’Aïd, elles accueilleront ce jour béni, parées de leur plus belle tenue, au même titre que leurs enfants et leur mari. Fatiguées peut-être par une courte nuit, mais au sommet du bonheur.