Nous devinons l’avocat (commis d’office) et le psy à qui il s’adresse sans que jamais ces deux personnages ne s’expriment dans le roman. Les deux professionnels cherchent à connaître les raisons qui ont poussé ce jeune malheureux à commettre des actes de violence, et ainsi comprendre l’origine de cette violence qui le ronge, qui ronge toute une génération…
Les questionnements dans « Bel abîme »
On se questionne à la lecture de « Bel abîme » sur notre complicité, sur notre liberté dans les limites géographiques dans lesquels nous sommes nés, par hasard. On se pose la question du conditionnement, conscient ou inconscient, auquel notre société nous confronte. Et l’amour ? L’amour peut-il changer la donne ? Peut-il faire surgir le beau de l’abîme ?
C’est ce qu’a cru notre protagoniste à la rencontre de Bella, la fragile, la douce, l’amoureuse inconditionnelle. Elle lui fera comprendre que l’amour est gratuit, et que la haine l’est doublement. Il apprendra à ses dépens que la douleur de la violence qui s’abat contre ceux que l’on aime est pire que celle que l’on reçoit contre soi. Il est prêt à tout pour mettre fin à cette violence contre Bella, il prend alors conscience que personne ne s’est interposé entre la violence et lui…
Complices de la culture de violence
Cet ado tunisien n’est pas nommé dans le livre, mais porte le nom de plusieurs jeunes issus du Maghreb. Il refuse de blâmer uniquement les hommes pour la culture de la violence, les femmes aussi, complices idéales, en prennent pour leur grade.
Yamen Menaï nous donne à lire un petit roman à la profondeur insondable. Un conte philosophique obsédant qui décortique les affres de la violence dans laquelle baignent nos sociétés victimes d’un conditionnement héréditaire qui n’envisage l’individu que faisant partie d’un tout. Ce tout qui finira par l’engloutir.
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