“L’arrivée du premier équipage, j’étais une pauvre chose désespérée, prête à se pâmer devant tous ceux qui lui souriraient. À présent, j’étais une cruelle sorcière, qui prouvait son pouvoir en remplissant sa porcherie jour après jour. Ce constat me rappela soudain les épreuves qu’Hermes me faisait jadis passer. Serais-je une petite nature pleurnicharde ou une garce ? Une mouette stupide ou un vilain monstre ? Il ne devait pas y avoir que ces deux possibilités.”
Circé, la déesse sorcière
On ne peut pas dire que Circé soit une figure majeure de la mythologie grecque. Chez Homère, elle est décrite comme une déesse/sorcière, fille d’Hélios, le dieu soleil, et de l’Océanide Perséis.
Très jeune, elle découvre maladroitement ses forces magiques en transformant une nymphe rivale en un terrible monstre qui tourmente les marins pendant des siècles, et un mortel dont elle est tombée amoureuse en un dieu pour lui octroyer la vie éternelle !
Son crime a été d’avouer publiquement devant les dieux qu’elle est à l’origine de ces transformations, révélant ainsi sa nature de sorcière. Craignant qu’elle ne se retourne un jour contre eux, Zeus décide de l’exiler sur l’île d’Aéa afin qu’elle ne puisse plus faire de mal à personne.
Une divinité maléfique
L’un des épisodes qui nous soit parvenu est celui où elle rencontre Ulysse et transforme son équipage en cochons. Elle est ainsi décrite comme une divinité maléfique, une experte en drogues et poisons et une puissante magicienne portant la haine en elle et qui a le don de transformation.
Dans son roman, Madeline Miller part à l’exploration des tréfonds de ce personnage très peu étudié. En réalité, rares sont ceux qui se sont intéressés aux origines et aux motivations de Circé. L’autrice dissèque alors le personnage de cette sorcière immortelle pour en dépeindre un portrait à la psychologie fine, évoluant de manière splendide entre vulnérabilité et puissance.
Une résonance moderne avec Madeline Miller
L’écriture de Madeline Miller donne au récit mythologique tout son sens et nous permet de découvrir ou de redécouvrir une partie des histoires qui ont permis à l’humanité d’appréhender sa place dans le monde.
Les résonances modernes de ce pavé de 500 pages nous renvoient constamment aux problématiques actuelles. Circé devient au fil du récit une figure d’émancipation, une révoltée contre le patriarcat véhiculé par des dieux vaniteux et cruels.
Cette femme isolée, car considérée potentiellement dangereuse, finira-t-elle par trouver son salut dans sa solitude ? On vous invite sans attendre à découvrir cette ode à la beauté, à la liberté, à la vie et à sa fragilité.
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