Fashion Day Dzaïr : quand la mode raconte nos racines

C’était un vendredi pas comme les autres. À Alger, les projecteurs ont embrasé la scène du Club des Pins pour célébrer les 10 ans de Fashion Day Dzaïr, l’événement devenu, au fil des années, le rendez-vous incontournable de la création vestimentaire algérienne.

Plus qu’un défilé, c’est un manifeste de beauté, de mémoire et d’identité. Dès l’ouverture, le ton est donné. Une mannequin espagnole sublime l’audience en défilant dans un karakou algérois signé Karakou le rêve. Émue, elle confie : « J’ai étudié l’histoire de cette tenue avant de la porter. Je me sens chez moi. » La scène est posée : ici, la mode traditionnelle algérienne devient langage universel.

Un show qui réunit passion et excellence

À l’origine du projet, deux noms : Ryan Branci et Mehdi Yala, les cofondateurs visionnaires. Leur idée ? Faire de la mode un vecteur de fierté, un espace où l’Algérie se raconte avec audace. Et pour cet anniversaire symbolique, le programme est riche : 18 stylistes, 55 mannequins, 18 salons de beauté et, grande nouveauté cette année, 18 chefs pâtissiers pour magnifier le patrimoine culinaire algérien.

Parmi les moments forts, le passage très applaudi de la styliste Touhami de Laghouat, qui a revisité les tapis algériens en robes de mariée modernes, mêlant racines et contemporanéité. Une démarche saluée par un prix d’honneur pour sa fidélité à l’événement.

Le patrimoine raconté et sublimé

Autre moment marquant : l’intervention poétique de Laâwicha, conteuse spécialiste du patrimoine oral. Elle a su transmettre, avec émotion, comment les vêtements racontaient autrefois la vie d’une femme, son statut, ses rêves. Un clin d’œil à l’Algérie qui se murmure dans les étoffes.

Dans une ambiance électrique, les tissus prennent vie sur le podium : velours, lin, soie, broderies au fil d’or. Le patrimoine vestimentaire kabyle, chaoui, constantinois ou saharien se métisse, se réinvente, sans jamais se trahir.

Beauté, desserts et fierté algérienne

Côté mise en beauté, 18 salons partenaires ont métamorphosé les modèles en fresques vivantes : tresses berbères, voiles traditionnels, pigments du désert. Un hommage à la féminité algérienne, dans toute sa diversité et sa richesse.

Et parce que l’élégance passe aussi par la gourmandise, les desserts algériens ont brillé sous les projecteurs. Makrout el louz, tcharek, qnidlettes sculptées… présentés comme de véritables œuvres d’art. Un acte symbolique fort, selon Mehdi Yala : « Nos gâteaux sont eux aussi des héritiers d’histoire. »

Une mode qui parle au cœur

« Depuis dix ans, nous portons cette idée à bout de cœur », confie Ryan Branci. « Fashion Day Dzaïr n’est pas un défilé, c’est une scène où l’Algérie se voit belle, forte, vibrante. » Et il a raison : à chaque pas sur ce podium, à chaque regard échangé dans la salle comble, c’est tout un peuple qui célèbre sa beauté, sa mémoire, son avenir.