À seulement 26 ans, cette doubleuse de voix off, traductrice et coach vocal partage son amour du doublage avec le monde. Avec son énergie contagieuse et son sens de l’humour, elle redonne vie aux personnages de films et de dessins animés célèbres, les doublant même en daridja !
Cela touche et attire ses auditeurs algériens et même arabes. Dans cette interview, Fatima nous ouvre les portes de son univers, partageant ses rêves, ses inspirations et les petites histoires qui l’ont menée là où elle est aujourd’hui. Préparez-vous à être inspiré par son histoire authentique et sa détermination à faire entendre sa voix.
Pourriez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours ?
Fatima Zahra Cherif, 26 ans, j’habite au Qatar et je suis doubleuse de voix off, traductrice et coach vocal. Je m’occupe souvent des projets liés au doublage de dessins animés, mais je suis également à l’aise avec d’autres types de projets, comme les publicités et les doublages pour des chaînes YouTube.
Je fais des doublages en arabe et en anglais, et en ce moment, je travaille pour une chaîne YouTube de cartoons irakienne, « Ailat Houssem », très connue en Orient avec plus de 7 millions de followers. Concernant le coaching vocal, je donne des conférences, tant dans des universités qu’en ligne, où j’explique le processus d’adaptation de la voix à différents niveaux, que ce soit pour un enfant, un adulte, un méchant ou un héros. J’ai étudié à l’institut algérien de l’information et de la presse.
Qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans le doublage et depuis combien de temps exercez-vous cette activité ?
C’est vers 2018-2019 que j’ai commencé à partager quelques vidéos sur les réseaux sociaux, suite aux nombreux avis de mes amis qui me disaient que ma voix était assez porteuse et adaptée au doublage. J’ai commencé à faire du doublage en freelance, en enregistrant des petits podcasts et en les partageant sur les réseaux.
Cependant, comme ce domaine n’est pas très développé en Algérie, j’ai dû me former seule en récoltant des informations et des astuces ici et là. Certains coachs connus m’ont également donné des conseils. J’ignorais alors qu’il fallait un réel investissement pour maîtriser sa voix.
J’étais dans un petit groupe de doubleurs des pays arabes où nous échangions des conseils pour nous entraider. C’est là que j’ai réalisé l’importance de prendre en compte les émotions et les accentuations de la voix pour captiver l’auditeur et le plonger dans l’histoire. J’ai aussi profité de mes voyages pour me former.
Pendant la période de la COVID, les gens ont commencé à investir sur les réseaux. À cette époque, l’e-commerce a pris beaucoup d’ampleur, entraînant une augmentation de la demande en publicités, donc du doublage.
J’ai saisi cette opportunité et commencé à investir dans ce domaine qui m’a passionnée. Les publicités m’ont même aidée à améliorer ma qualité de souffle. Avant cela, je n’avais pas une bonne endurance, mais le fait de parler sur une courte durée a amélioré ma respiration.
Comment avez-vous eu l’idée de réaliser des doublages en daridja (dialecte algérien) ?
Il faut savoir que j’ai d’abord commencé avec le doublage en arabe classique et que je recevais souvent des commentaires disant que ce n’était pas ma voix. J’ai donc décidé de faire quelque chose d’unique, surtout avec le dialecte algérien, pour prouver que ce n’était pas un montage.
Mon entourage a commencé à apprécier le côté humoristique de ce type de doublage, et j’ai continué. Finalement, c’est ce qui a le plus plu au public algérien, car cela leur permettait de s’identifier à une langue qu’ils maîtrisent.
Comment votre public et votre entourage réagissent-ils à vos vidéos ?
Quand je faisais des vidéos en arabe classique, elles passaient « crème », pour ainsi dire. Les gens n’y voyaient qu’un simple doublage.
Mais avec les vidéos en daridja, j’ai captivé l’attention des Algériens des deux manières. Certains trouvaient cela drôle et original, tandis que d’autres le considéraient comme de la gaminerie. Cependant, cela a permis à mes vidéos d’avoir plus de vues.
Avez-vous rencontré des défis particuliers en doublant en dialecte algérien ?
Oui, j’ai rencontré plusieurs défis. Tout d’abord, le manque de reconnaissance et d’investissement dans ce domaine en Algérie freine le développement du doublage. Ce secteur peine à être pris au sérieux, avec une infrastructure peu développée et un investissement limité.
Cela crée des obstacles pour les artistes qui souhaitent en faire leur métier. Il reste encore beaucoup à faire pour valoriser cette profession, améliorer les conditions de travail et développer des formations adaptées. Adapter les dialogues tout en respectant les nuances culturelles et linguistiques du dialecte est également un défi, nécessitant une grande créativité et une compréhension profonde de notre langue.
Comment vos vidéos influencent-elles la perception de la culture et du dialecte algérien, surtout chez les jeunes ?
Mes vidéos tentent modestement de mettre en valeur la culture et le dialecte algérien, notamment auprès des jeunes. En utilisant des expressions familières et des thèmes qui leur parlent, j’espère éveiller leur curiosité pour notre patrimoine. Cela peut les inciter à s’intéresser davantage à leur langue et à leur culture, tout en renforçant un sentiment d’appartenance. Mon objectif est de créer un lien positif avec notre dialecte, en le rendant pertinent et attrayant pour la nouvelle génération.
Étant donné que votre voix est votre outil principal, comment en prenez-vous soin ?
Avant, je ne m’intéressais qu’au travail technique de ma voix, en travaillant les aigus, les vibrations, etc. Plus tard, j’ai rencontré un coach qui me conseillait de ne pas prendre de café, mais je n’ai pas vraiment appliqué ce conseil. J’ai vu de nombreuses personnes être très précautionneuses avec leur voix. Pour ma part, je laisse les choses se faire naturellement et ne me prends pas trop la tête à ce sujet.
Quel message souhaitez-vous transmettre à ceux qui envisagent de se lancer dans leurs passions et qui ont peur de l’échec ?
Je vais vous dire une chose : j’habitais dans une petite commune éloignée, sans beaucoup d’opportunités, et je n’ai eu recours à aucune aide de studios ni à des publicités pour promouvoir mon travail. J’ai tout fait seule, en me formant grâce aux informations disponibles sur les réseaux. Comme vous pouvez le voir, j’y suis arrivée. Mon message est qu’il n’y a pas d’excuses, il suffit de croire en soi. Vivre dans le luxe ne garantit pas le succès. Aujourd’hui, grâce à Internet, il est essentiel de saisir cette opportunité. Les réseaux sociaux vous permettent de partager vos compétences, quel que soit le domaine. Cela prendra peut-être du temps, mais rien n’est impossible. Celui qui travaille sans abandonner face aux difficultés réussira tôt ou tard.
Leave a Reply