Quelle part laisser pour les petits plaisirs de la vie, les sorties, les cadeaux ? Autant de questions essentielles qui sont posées sur la table aussitôt que la vie à deux démarre. La gestion de l’argent peut empoisonner les relations conjugales lorsque la mésentente s’installe. D’où l’intérêt d’éclaircir ce sujet épineux avant de convoler.
C’est monsieur qui casque, basta !
L’argent du ménage ! Toute une histoire ! Pour bon nombre de femmes, pas la peine d’en faire un pataquès, l’affaire est pliée. Il faut se référer au droit musulman qui intime à l’homme de pourvoir aux besoins de son épouse et de sa femme, un point c’est tout ! Aldjia (43 ans), femme active, a posé ses conditions dès le premier jour « L’argent que je gagne est pour moi. Je le consacre au shopping et à mes sorties » confit-elle.
« Je fais plaisir à mes enfants également. En revanche, tout ce qui est lié à la vie courante incombe à mon mari : factures, courses, soins, etc. C’est une évidence ! Le droit musulman qui s’applique si bien à l’héritage qui prévoit une plus grosse part pour l’homme par rapport à la femme, doit aussi concerner d’autres points cités dans le coran, comme le fait de prendre en charge épouse et enfants ! », affirme-t-elle.
Je gagne plus que mon mari
La gestion du budget n’est pas si simple. Souvent, de grands conflits minent le couple, notamment lorsque l’épouse a un salaire supérieur à celui de son compagnon. « Je gagne plus que mon mari et cela crée des situations de crispations au sein de mon couple », nous dit Samira (39 ans).
« Mon conjoint en profite pleinement, et me laisse mettre la main à la poche pour tout, y compris pour financer nos vacances. Alors, je surveille ses dépenses de près. Et comme il ne se gêne pas pour s’offrir des fringues de marque et faire des cadeaux à ses sœurs et à ses parents, cela me met en rogne. La situation dégénère et éclate en dispute devant nos enfants. Je ne prends pas de gants et lui balance que c’est injuste qu’il se sucre sur mon dos.
Que la sueur de mon travail serve au bien-être de mon foyer ne me pose aucun problème, mais qu’elle soit utilisée à des fins personnelles me parait égoïste. La situation a empiré. À présent, les cachoteries ont pris place dans mon couple. Il m’arrive de découvrir, après coup, les dépenses cachées de mon compagnon. Les disputes redoublent alors ! Une situation intenable ! ».
Scène de ménage
Les Algériennes ont toujours été investies par le bien-être de leur famille. Elles ne comptent ni leur argent, ni leur temps pour apporter leur aide. Certains hommes s’agacent de voir que leurs épouses sont restées proches de leurs parents et de leurs fratries. Ils ne ratent aucune occasion de leur en faire la remarque. C’est le cas de Maya (42 ans) qui continue de soutenir financièrement une sœur et un frère, qui sont au chômage.
« Chaque mois, je leur remets une enveloppe après avoir touché ma paye. Aussitôt, j’ai droit à une scène de ménage » confie-t-elle. « Mon mari et moi travaillons tous les deux, et je trouve normal de soutenir ma famille, car elle est vraiment dans le besoin. Mon époux me fait des scandales à répétition à cause de ce geste de solidarité. Cela envenime notre vie de couple. Nous passons plusieurs jours fâchés, créant une atmosphère lourde dans notre foyer » regrette Maya.
Des exemples de conflits provoqués par la gestion de l’argent dans les ménages font florès. Entre les maris généreux qui remettent des liasses de billets à leurs moitiés sans être regardants sur la manière dont elles les dépensent et ceux qui surveillent à la loupe le moindre dinar déboursé, il y a tout un monde ! D’autres femmes actives ont moins de chance puisqu’elles doivent remettre l’intégralité du fruit de leur labeur à leur conjoint.
Des situations conflictuelles qui menacent l’équilibre du couple et la sérénité du foyer. D’où l’importance d’en discuter ouvertement et d’établir les règles avant le mariage. L’argent ne doit en aucun cas être un sujet tabou. L’éluder, c’est juste cacher le soleil avec le tamis, comme le dit un proverbe de chez nous !
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