Tous les jours que Dieu fait, elles affrontent des automobilistes loin d’être bienveillants à leur égard. Des comportements machistes et sexistes qui traduisent une mauvaise éducation et un mépris ouvertement affichés envers la gent féminine.
La « hogra » envers les femmes
Quel que soit leur âge, les femmes sont harcelées et stigmatisées lorsqu’elles sont au volant de leur véhicule. Les conductrices font l’objet de remarques à caractère sexiste « Parce que j’ai doublé un conducteur, il a appuyé sur le champignon, m’a dépassée et m’a fait un bras d’honneur. C’est vraiment insupportable ! » raconte Majda, complétement courroucée
Femme au volant, mort au tournant ?
Dans l’inconscient collectif, conduire un véhicule est une affaire d’homme ! « Femme au volant, mort au tournant » dit un vieil adage. En effet, la majorité des hommes pensent que les femmes sont moins performantes au volant.
Pourtant, les statistiques sont claires sur ce point : les conductrices provoquent moins d’accidents routiers que les hommes. Les croyances populaires ont la peau dure ! En attendant, le harcèlement masculin se poursuit sur la voie publique. « Parce que je me suis arrêtée à cause d’un problème mécanique, après avoir mis mes feux de détresse, un conducteur de taxi m’a dépassée et m’a traitée de ‘hmara’ » témoigne Dalel ».
Retourne dans ta cuisine !
Déferlement d’insultes et de haine, les Algériens sont-ils à ce point allergiques à l’image des femmes au volant ? Veulent-ils montrer leur supériorité ? « Sur l’autoroute, j’avais dépassé un bus, d’une société privée » se souvient Hanane (43 ans). « Il a foncé derrière moi, m’a dépassée en me criant d’aller repasser mon permis de conduire ».
Les remarques sexistes abondent sur nos routes. Toutes les conductrices en connaissent un rayon « On me balance souvent ce genre de remarques à la figure ‘retourne dans ta cuisine !’ » note Chabha (24 ans). « Je fais la sourde oreille et je regarde devant moi. Les hommes se comportent au volant comme dans la vraie vie : ils sont machos et sexistes ! ».
File-moi ton numéro !
Gestes déplacés, harcèlement, drague, allusions sexuelles, menaces, courses-poursuites, impossible de conduire en paix en Algérie quand on est une femme. Les témoignages sont intarissables sur ce sujet. « Au feu rouge, un gars est descendu de sa voiture pour me demander mon numéro de téléphone. Et comme je ne lui répondais pas, il a tapé fort sur mon pare-brise, manquant de peu de le faire voler en éclats. Quand le feu est passé au vert, il m’a pourchassée sur plusieurs kilomètres » se souvient Habiba (30 ans).
Wahiba (19 ans) grillait une clope dans sa voiture. Dans un ralentissement dû à un embouteillage, elle a vu un jeune conducteur sauter de son véhicule et foncer sur elle comme un ours « Par la vitre, il m’a arraché ma cigarette et m’a traitée de dévergondée. Cela s’est passé très vite. J’étais sous le choc. Les autres conducteurs n’ont pas levé le petit doigt ! ».
Faiza (28 ans), quant à elle, dénonce les allusions sexuelles des conducteurs. « Ils n’ont aucune pudeur lorsqu’ils voient une femme seule dans l’habitacle de son véhicule. Ils envoient des baisers, passent leur langue sur leurs lèvres de manière lubrique, font des clins d’œil et d’autres gestes suggestifs. C’est à vous sonner la gerbe tellement c’est dégueulasse ! ».
Le comportement déplacé des hommes envers les conductrices sont légion. Tous les jours, les Algériennes affrontent le machisme sur les routes. Fuyant le touche-touche des transports en commun, elles se croient en sécurité dans ‘leur’ voiture. Mais c’est compter sans ces harceleurs haineux et sexistes.