« Mon mari m’a privée de mes enfants »

Elles les ont portés, enfantés, aimés. Mais aujourd’hui, ces femmes vivent sans leurs enfants. Après un divorce, leurs ex-maris ont obtenu la garde… et souvent, manipulé l’enfant au point de briser le lien maternel.

Certaines ont tenté un rapprochement, d’autres ont attendu, prié, espéré. Mais toutes vivent une douleur profonde, une plaie que le temps n’a jamais refermée.
Kheira, Houda et Anissa témoignent pour toutes les mères qui ont été injustement privées de leur rôle.

« Mes filles sont devenues des étrangères »

Kheira, 47 ans, a été mariée très jeune. À 19 ans, elle épouse un homme qu’elle croit être l’amour de sa vie.

« Ce fut un cauchemar. Mon mari était violent, menteur, infidèle… J’ai tenu huit ans, puis j’ai demandé le divorce pour survivre. »

Ses deux filles sont encore petites au moment de la séparation. Elle ne parvient pas à obtenir leur garde.

« Leur père me les amenait de temps en temps, mais j’ai vite compris qu’il leur montait la tête contre moi. Il me faisait passer pour une mère indigne. »

Aujourd’hui, ses filles sont devenues de jeunes adultes, mais le lien est rompu.

« On échange quelques banalités par téléphone, mais je les sens loin, très loin. Elles me parlent comme on parle à une étrangère. Et moi, je meurs à petit feu. »

« Mon propre fils m’a évitée dans la rue »

Houda, 52 ans, a élevé seule son fils jusqu’au divorce. Ensuite, c’est le père qui a pris le relais.

« Je voyais bien qu’Abdou ne se sentait pas à l’aise avec moi. Petit, il était froid. Plus il grandissait, plus il se fermait. »

À 15 ans, il refuse de la voir. À 20 ans, il lui parle avec mépris.

« Il m’a accusée d’avoir eu une mauvaise vie. J’ai compris que son père lui avait inventé un passé à mon sujet. Il voulait me salir aux yeux de mon fils. »

Houda poursuit une psychothérapie pour apprendre à vivre avec cette douleur.

« Deux fois, je l’ai croisé dans la rue. Il a changé de trottoir. J’ai accouché de lui, j’ai souffert 24 heures pour le mettre au monde… et aujourd’hui, il m’efface de sa vie. C’est inhumain. »

« Elle est revenue… mais il était trop tard »

Anissa, 56 ans, a perdu le contact avec sa fille Loubna après son divorce.

« Elle avait 6 ans quand je suis partie. Son père m’a juré qu’il ferait tout pour qu’elle m’oublie. Et il a tenu parole. »

Anissa refait sa vie, fonde une nouvelle famille, mais continue d’envoyer des cadeaux et de passer des appels.

« Elle répondait à peine. Quand elle est venue me voir, c’était une jeune femme glaciale. Elle me disait que son père et sa grand-mère lui répétaient que j’étais une mauvaise mère. »

Puis, le silence. Six longues années. Jusqu’au jour où Loubna revient.

« Elle avait des problèmes avec sa belle-mère et cherchait du réconfort. Mais mon cœur s’était refermé. Elle est arrivée trop tard. »

Ces blessures qui ne guérissent jamais

Derrière chaque témoignage, une mère privée de son enfant. Derrière chaque sourire, une douleur silencieuse. Ces femmes n’ont pas perdu un enfant dans la mort, mais dans la séparation, la manipulation, la rupture imposée.
Et cette douleur-là est insidieuse, constante, presque invisible… mais bien réelle.
Ces mères ne demandent ni pitié, ni jugement. Juste qu’on reconnaisse leur souffrance, qu’on parle de cette injustice, et qu’on rappelle que priver un enfant de sa mère, c’est le priver d’une part de lui-même.