Ce mois sacré est une célébration où les liens familiaux et amicaux se resserrent. Partager le repas de l’iftar dans la convivialité et la bonne humeur avec les personnes que nous aimons illumine les nuits ramadanesques.
C’est un mois singulier. Pendant trente jours, nos foyers et nos rues sont imprégnés d’une atmosphère spéciale. Les invitations pour le repas du soir affluent de toutes parts. Le partage et l’échange de petits plats entre voisins sont accentués durant ce mois béni. Une petite assiette de ‘tadjine ezzitoune’ par-ci, une soucoupe de ‘l’ham lahlou’ par-là, afin de faire découvrir les recettes de la maîtresse de maison, comme le faisaient nos mères et nos aïeules autrefois.
Mois du partage et de la solidarité
Mais le Ramadan, c’est aussi l’occasion d’inviter les personnes seules à notre table. L’envoi de repas chauds à ceux dans le besoin est également une tradition à laquelle nous nous attachons.
Lorsque Mounir a perdu sa femme il y a un an, il s’est retrouvé seul avec ses deux enfants âgés de 9 et 12 ans. « La famille et les amis ne m’ont pas abandonné », raconte-t-il. « Chaque soir, nous sommes invités, mes enfants et moi, au moment de l’Iftar. De plus, tous les voisins nous envoient des plats cuisinés, à tel point que mon réfrigérateur déborde de provisions. La générosité et le soutien envers ceux qui ont traversé un drame réchauffent le cœur ».
Rihet Ramdane au bled
Afin de retrouver ‘Rihet Ramdane’, de nombreux émigrés quittent leur pays d’adoption pour passer quelques jours en Algérie. « En France où je vis, je ne sens pas les odeurs du Ramadan », témoigne Bouchra, 51 ans.
« Ces dernières années, j’ai pris l’habitude de venir passer ce mois sacré en Algérie et je ne le regrette pas. L’ambiance et la chaleur familiale n’ont pas d’équivalent hors des frontières de mon pays. Peu importe ce qui se trouve sur la table ! Ce qui compte, ce sont les moments de partage, dans cette incroyable communion propre à tous les musulmans, aux quatre coins du monde, qui est tout simplement magique ».
Ceux qui sont loin de chez eux
C’est indéniable, les Algériens ont le sens du partage. Pendant le mois sacré, ce sentiment est décuplé. Dans le quartier de Birkhadem où de nombreuses promotions immobilières en chantier emploient des maçons sub-sahariens, les voisins préparent un ‘iftar sadaka’ à tour de rôle « Ces travailleurs exilés sont loin de leur pays et de leur famille. C’est normal de les aider » nous dit Mohamed (61 ans). « Les bonnes actions de ce genre sont à perpétuer même en dehors du mois sacré » ajoute-t-il.
La ‘baraka’ dans la maison
Pendant le Ramadan, d’appétissantes odeurs de cuisine s’échappent des fenêtres et viennent taquiner les narines des jeûneurs. Khalti Zineb (67 ans) prépare chaque jour une dizaine de pains ‘mâatlou’ qu’elle offre à ses voisines, juste avant la rupture du jeûne. « De son vivant, ma mère faisait toujours ça », confie-t-elle. « Je reproduis ces gestes pour attirer la bénédiction et la ‘baraka’ dans ma maison. Avec mes voisines, nous aimons partager nos plats. Cela ressert nos liens d’amitié, notamment durant ce mois béni ».
Qui vient dîner ce soir ?
D’autres profitent de ce mois sacré pour inviter des proches à leur table. « Il y a tous les soirs des invités pour partager notre chorba » nous révèle Malika (49 ans). « Famille, proches et amis de mes enfants sont les bienvenus chez moi. Notre cœur est grand et nous aimons ces moments de partage et de convivialité. Ils ont un goût particulier durant le Ramadan ».
Iftar au resto
Ces dernières années, les restaurants des grandes villes proposent des formules Iftar. Lorsque Madame en a marre de la popote, il n’est pas rare de la voir abandonner marmites et fourneaux, le temps d’une escapade au resto. « Avec mon mari et les enfants, on se fait un resto spécial Ramadan deux fois le mois » nous confie Amel (37 ans). « Il arrive que des amis se joignent à nous. Cela nous permet de casser la routine et de souffler un peu » assure-t-elle.
Même si le mois de Ramadan est placé sous le signe de la spiritualité, il n’en est pas moins une période de convivialité, de partage et de retrouvailles. Après les 30 incontournables chorba, le rythme d’avant Ramadan reprendra. Ainsi va la vie ! En attendant, accepteriez-vous mon invitation à manger ?
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