Ramadhan, entre théorie et pratique

Le Ramadhan, censé être un mois d’abstinence et de restriction, est un moment où les musulmans sont appelés à se réconcilier avec eux-mêmes, avec les autres, mais surtout avec Dieu.

Un mois durant lequel chacun doit faire ressortir le meilleur de lui-même, en cultivant les valeurs de partage, de respect et de solidarité. Cependant, entre théorie et pratique, il semble exister un fossé.

Des excès de tous les genres

En effet, depuis un certain temps, le Ramadhan s’est vu dénaturé par les rituels qui lui ont fait perdre de sa valeur. Loin des principes humains qu’il incarne, ce mois de jeûne laisse désormais place à des excès dans tous les domaines.

Le manque de nicotine chez certains et de caféine chez d’autres engendre des comportements loin d’être positifs, prêts à déclencher une troisième guerre mondiale, ne serait-ce que pour une place de parking, une longue attente chez le boulanger, ou pire encore, une table plus ou moins garnie.

La femme, condamnée à la cuisine

La femme, quant à elle, semble condamnée à l’inépuisable cycle de la cuisine. Elle doit nourrir sa famille, et cela, même après une longue journée de travail. Entre la liste des achats, le ménage, la préparation du Ftour, en veillant à ce que tout soit parfait pour « Monsieur » qui ne manque pas de lui faire part de ses exigences, aussi déraisonnables soient-elles, la tâche parait quasi impossible. Seule une femme algérienne est capable de relever ce défi, digne d’une vraie superwoman.

C’est le cas de Yasmine, mariée et mère de deux enfants : « Pendant cinq ans de mariage, le Ramadhan a été pour moi synonyme d’une surcharge de travail et de difficultés. Je suis partagée entre les tâches ménagères et mon travail, sans jamais avoir de répit. C’est une course contre-la-montre. Le comble dans tout ça, c’est que mon mari ne m’aide jamais, même s’il n’a rien à faire. »

Un mois de tous les excès et abus

Par ailleurs, on ne peut pas échapper à la règle d’or : cette folle envie irrationnelle d’acheter et de consommer sans modération. Prêts à se ruiner, certains Algériens ne peuvent s’abstenir de céder à cette frénésie de consommation, malgré les multiples mises en garde.

La tentation est omniprésente : les télévisions n’hésitent pas à diffuser en boucle des plats alléchants, et les odeurs des différents mets se répandent dans nos rues, heurtant la sensibilité de nos narines.

Un mois commercial

Comme le dit le proverbe : « Le malheur des uns fait le bonheur des autres. » Le Ramadhan est une occasion parfaite pour booster le chiffre d’affaires des commerçants, qui n’hésitent pas à augmenter les prix de leurs produits. Les marchés sont saturés du matin au soir, et les supermarchés ne désemplissent pas non plus.

C’est également le moment où l’événementiel explose. Un gain facile et assuré pour les organisateurs de soirées, avec des « kheimates » qui fleurissent dans toute la capitale. Le Ramadhan est désormais le seul moment de l’année où les Algériens peuvent se permettre des sorties en soirée, faute d’offres le reste de l’année. Ainsi, coutumes et habitudes ont évolué, laissant place à un Ramadhan plus ou moins moderne.