Derrière ce pseudonyme intrigant se cache une artiste déterminée à fusionner son amour pour les mangas et son attachement à ses racines amazigh.
Samohsai, éclats d’identité à travers un pseudonyme
Souhaitant garder l’anonymat, la talentueuse dessinatrice choisit un pseudo énigmatique dont elle nous donne l’explication : « Samohsai est tout simplement une anagramme des syllabes « Sa », « Moh » et « Sai »! Ce pseudo ne témoigne pas de mon grand amour pour les samosas, ces délicieuses pâtisseries d’Asie du Sud, mais on m’a souvent demandé si c’était le cas ! »
Le pinceau berbère de Samohsai : détails, inspirations et traditions
À travers son art, Samohsai fusionne l’esthétique manga avec les éléments emblématiques de la culture amazigh, créant une perspective artistique originale et authentique. Inspirée par sa passion pour les mangas et animée par le désir de représenter sa culture, elle met en avant des détails berbères, soulignant son engagement envers l’authenticité et le patrimoine amazigh.
L’attention méticuleuse portée aux détails berbères révèle sa grande sensibilité envers le respect et l’importance de l’authenticité dans ses travaux, célébrant ainsi le patrimoine culturel Amazigh.
« Les détails que je choisis et que je mets en avant sont souvent liés au patrimoine artistique amazigh – les motifs, les tatouages, l’artisanat, les bijoux, l’architecture, les vêtements, mais aussi la nourriture. Nous avons un artisanat unique, riche et millénaire, et je veux le mettre en valeur le plus possible. »
Entre Tseryel et Athéna : mythes et créativités
À travers une anecdote fascinante, Samohsai nous fait non seulement découvrir des légendes issues de notre culture, mais nous dévoile son implication et son engagement à tisser des liens avec le passé en lui redonnant un second souffle.
« Très récemment, en faisant des recherches pour l’élaboration de mon personnage de Tseryel (oui oui, l’ogresse comme dans les histoires !), j’ai appris qu’il y avait différentes façons de dire toile d’araignée ! De mon côté paternel, on dit ‘azetta n Tseryel’, ce qui veut dire métier à tisser de Tseryel, alors que chez ma mère, ils disent ‘azeţţa n tissist’, qui se traduit par ‘le métier à tisser de l’araignée’. Je trouvais ça intéressant parce que ça m’a fait penser au mythe grec d’Arachne et d’Athéna.
Dans l’histoire, Arachne a l’audace de défier la déesse Athéna dans un concours de tissage. Quand Athéna voit que le travail d’Arachne est encore plus beau que le sien, elle devient furieuse, tue Arachne, puis la transforme en araignée pour qu’elle tisse pour l’éternité (Athéna est aussi la déesse du tissage, donc elle l’a vraiment mal pris…) Je me demande s’il n’y aurait pas un lien entre le fait de dire ‘azetța n tissit’, ce mythe étiologique, et Tseryel. Il y avait énormément d’échanges dans la Méditerranée, donc c’est très possible ! »
L’art comme gardien d’une culture ancestrale
Samohsai se présente comme une gardienne artistique, utilisant son talent pour préserver et raviver son héritage culturel, lui offrant une perspective contemporaine qui touche les nouvelles générations.
« Pour moi, l’art est central dans la préservation de n’importe quelle culture. C’est à travers l’art que notre culture peut vivre, évoluer et être partagée avec le reste du monde. Il est donc essentiel et vital pour la préservation du patrimoine amazigh, de sa langue et de sa culture afin de survivre sans se faire assimiler par la globalisation. Concernant mon art et son impact, j’espère humblement contribuer à ma manière. Mon objectif principal est de susciter des émotions positives. Les illustrations, les mangas et les bandes dessinées sont des vecteurs accessibles, parfaits pour partager avec un public plus jeune et international. »
Les recherches constantes de Samohsai
Samohsai aborde les défis majeurs de ses recherches pour créer des œuvres authentiques et fidèles à l’histoire. Elle souligne que sa principale difficulté réside dans la recherche, malgré son processus créatif fantastique.
La quête d’informations fiables sur des sujets tels que l’architecture, les vêtements traditionnels, les tatouages, les contes et la mythologie berbère représente un défi, souvent entravé par des sources coloniales biaisées et orientalistes. Elle surmonte ces obstacles en investissant dans des livres et en consacrant de nombreuses heures aux recherches sur les archives et Internet.
Au-delà des couleurs : les valeurs portées par Samohsai
Les émotions résonnent vivement à travers chacune de ses œuvres qui se veulent être une célébration de l’identité Amazigh. Cette jeune artiste, pleine de talents et d’énergie, partage son espoir de susciter des émotions positives auprès de son public et de l’encourager à se reconnecter fièrement avec ses racines.
Au-delà des détails minutieux et des histoires fascinantes, émerge un message, une transmission de valeurs qui affirment la fierté culturelle et la beauté intemporelle des traditions berbères. Sa démarche artistique sert de pont entre les générations, nourrissant le sentiment d’appartenance surtout des plus jeunes.
Explorer son héritage : les conseils inspirants de Samohsai
Ayant elle-même rencontré des défis de taille pour se lancer, Samohsai incite les jeunes artistes à ne pas renoncer à leurs rêves et d’oser s’exprimer à travers leurs arts. Elle encourage ces derniers à se lancer dans l’art, soulignant l’importance de s’exprimer sans censure, d’explorer le patrimoine culturel avec respect en utilisant des sources fiables, et de créer sans limites d’imagination, en priorisant le plaisir personnel.
Magnifique article qui ressort le talent et la passion de cette artiste. Elle mérite d’être connue. Je lui souhaite beaucoup de succès et nous avons hâte de découvrir ses œuvres.
Très belle idée, illustré de manière originale et les dessins et personnages sont tout simplement magnifique, grandiose. C’est avec ce type de travaux que nous devons partager notre culture.
Bonne continuation a cette artiste hors pair ♥️
Merci pour ce bel article qui met en valeur les créations originales et fabuleuses d’une artiste talentueuse et prometteuse. Je continuerai à la suivre tisser sa ‘azetta n Tseryel’ (ou ´azeţţa n tissist’) de près 😉