Les tables regorgent de mets hyper-sucrés et hyper-caloriques que les jeûneurs s’empressent d’ingurgiter au lance-pierre à l’heure du « maghreb ». La soirée se poursuit avec la consommation de zlabia, kalb ellouz, khtaief, m’hancha, tartelettes. Il s’agit d’une véritable orgie de nourriture qui accroît les risques de développer un diabète de type 2 ou des maladies cardiovasculaires.
Mois sacré ou sucré ?
Chaque année, à la veille du mois sacré, les diététiciens insistent dans les émissions télé et radio : « Le mois sacré ne doit pas devenir le mois sucré ! », alertent-ils. Ces spécialistes recommandent de ne pas négliger le ‘Shor’, un repas essentiel pris aux aurores.
Composé de semoule ou de céréales (sucres lents), il procure de l’énergie à l’organisme et prévient les coups de fatigue durant la journée. Un plat de couscous aux raisins secs, accompagné d’un verre de lait caillé, est tout à fait recommandé.
Overdose de sucre
Dans notre société, le Ramadan se caractérise par des festins. Durant les 11 mois de l’année, l’Algérien serre la ceinture pour pouvoir festoyer durant le mois sacré. Sur la ‘meïda’, à l’heure du f’tour, trône un assortiment de mets caloriques à base de viande et de sucre : l’ham lahlou (ou tajine lahlou à base de pruneaux et d’abricots), bourek, m’tawem, chorba, sekrane tayeh fe droudj… Les jeûneurs mangent sans modération.
On abuse de tout : sodas, jus synthétiques, plats gras, gâteaux, friandises. Et c’est la santé qui trinque ! « Après le f’tour, je retrouvais mes amis pour des parties de dominos toute la soirée, raconte Saïd (49 ans).
Tout en jouant, on se gavait de kalb ellouz, de zlabia et de tartes au citron. À la fin du Ramadan, j’ai commencé à ressentir des malaises. Des analyses ont révélé un diabète. Du jour au lendemain, j’ai dû arrêter de consommer des sucreries et me suis mis au régime. J’ai compris que les excès peuvent être catastrophiques pour l’organisme et que la modération devrait être de mise. »
Surconsommation tous azimuts
Mais voilà, durant le mois sacré, la tentation est trop forte à cause de l’abondance de ces sucreries et friandises dans tous les commerces. Il faut alors faire preuve de sagesse et de discernement pour ne pas tomber dans le panneau. « Je garde la tête bien froide devant tous ces monticules de sucre ! » nous confie Hadjer (39 ans). « En temps normal, nous ne mangeons pas trop de gâteaux, alors pourquoi en prendre au quotidien durant ce mois d’abstinence ? La modération est la meilleure prévention. Le sucre est déjà présent dans les dattes et les fruits secs ! Bombarder son corps avec du sucre blanc raffiné est une aberration », souligne-t-elle.
Pire encore, durant ce mois où la surconsommation bat son plein, la nuit et le jour sont inversés. Certains veillent jusqu’au petit matin en se goinfrant de mets sucrés et gras. Affalés sur le canapé, ils ne bougent leur bras que pour se resservir. Indigestion et explosion de la glycémie assurées. Le manque d’activité est un facteur de risque aggravant. « Il faut éviter les repas trop copieux durant ce mois et faire une petite marche après le f’tour », recommandent les spécialistes.
Les recommandations des diététiciens
Censé être le mois de l’abstinence et de la modération, le Ramadan rime avec excès et gloutonnerie. Les spécialistes recommandent de rompre le jeûne avec une boisson comme le ‘cherbet’, deux ou trois dattes pour redonner au corps un coup de fouet, et un bol de soupe (chorba, h’rira). Le plat de résistance arrive ensuite. Un fruit est indiqué pour conclure ce repas. Bien sûr, les gâteaux ne sont pas interdits, mais ils sont à consommer avec modération. Un petit morceau de kalb ellouz, pourquoi pas, mais pas plusieurs. N’oubliez pas que le sucre dont l’organisme a besoin est déjà présent dans les dattes et les fruits.
En adoptant une alimentation raisonnable et équilibrée durant ce mois sacré, on préserve sa santé. Ce mois de spiritualité et de communion ne devrait pas être celui des orgies de nourriture. À bon entendeur…
Leave a Reply