Le narrateur est un livre. Il s’appelle K’tab et vit les jours les plus sombres de son existence de papier. À cause de la maladresse d’une jeune fille qui a fait malencontreusement couler une boisson sur lui, il est complètement défiguré, mis au rebut et promis au pilon. Avec ses « camarades » d’infortune, tous abîmés comme lui, K’tab végète sur l’étagère métallique du « Magasin Aveugle », de la réserve de La Grande Bibliothèque, l’antichambre de l’extermination. Pourtant, dans une vie antérieure, K’tab avait fière allure.
K’tab dans le purgatoire
Dans ce purgatoire, il faut veiller à ne pas se faire grignoter les pages par des souris gourmandes. Miam miam ! Du papier cellulose pour le dîner ! Ça aiguise l’appétit ! D’ailleurs, le pauvre Craipu, voisin d’étagère de K’tab, a eu la couverture rongée par l’une de ces donzelles à poils gris. Alors, il faut rester sur ses gardes et ouvrir l’œil toute la nuit.
Un jour, une rumeur monte depuis la rue. Des éclats de voix parviennent jusqu’au Magasin Aveugle. Des manifestants de l’association ‘Stop Bibliocide’ hurlent leur révolte. Ils veulent faire pression sur les autorités afin de sauver ces milliers de livres de l’autodafé. « Libérez les bouquins, Capital inculte… », scandent-ils.
« Comme d’autres associations se battent contre la maltraitance des animaux, eux se battent contre la maltraitance des livres. Mes sœurs et frères persécutés. Bibliocides. Toutes les violences, même les moins visibles, les moins retentissantes, infligées en catimini, sans procès, sans bûcher ni autodafé. Comme la fin silencieuse qui nous attendait. » (P. 61).
Comment se déroulera l’opération de sauvetage ?
Les manifestants seront-ils entendus ? Le sauvetage aura-t-il lieu ? K’tab et ses comparses seront-ils graciés ? C’est ce que vous découvrirez en lisant le dernier roman de Mustapha Benfodil. À noter que l’écrivain-journaliste consacre une partie de cet ouvrage à un récit autobiographique.
Né en 1968 à Relizane, Mustapha Benfodil travaille comme reporter-journaliste au quotidien EL Watan. Il a signé des nouvelles, des pièces de théâtre, des poèmes et des romans. ‘Zerta’, son premier roman est sorti en 2000, suivi par ‘Les bavardages du seul’ (2004), ‘Archéologie du chaos (amoureux)’ (2007) et ‘Body Writing’. Il a aussi écrit ‘Vie et mort de Karim Fatimi, écrivain (1968-2014)’ paru en 2018.
Terminus Babel. Mustapha Benfodil. Éditions Barzakh. 2023. 272 p. 1200 DA.
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